Les sanctions contre la Hongrie ne peuvent conduire qu’à la fragmentation de l’Europe

FIGAROVOX/TRIBUNE – Suite au vote des députés européens enclenchant un processus de sanction contre la Hongrie, Julien Aubert et le collectif «Oser la France» relèvent des ambiguïtés et un manque de légitimité du parlement européen. Cette décision menace selon eux toute la construction européenne.


«Oser la France» est un laboratoire d’idées lancé en novembre 2017 par le député LR Julien Aubert et rassemblant plusieurs parlementaires et élus gaullistes, souverainistes, patriotes et républicains.


Les députés européens ont choisi d’ouvrir une crise, ce mercredi 12 septembre, en votant une résolution enclenchant la procédure dite de l’article 7 à l’encontre de la Hongrie. Constatant une menace pour l’État de droit dans le pays dirigé par Viktor Orban, les eurodéputés ont donc voté (par 448 voix pour et 197 contre et à la majorité des deux tiers des suffrages exprimés) pour lancer le long processus au terme duquel il est théoriquement possible d’exclure un Étamure de son droit de vote dans l’Union.

Nous disons «théoriquement» car, de fait, la Pologne, alliée de la Hongrie, pourra s’opposer à ce que la procédure aille à son terme. Cette affaire de sanction, présentée à tort comme un combat du Bien contre le Mal, ressemble donc davantage à de la gesticulation politique à l’approche des élections européennes qu’à autre chose ; à une instrumentalisation des «valeurs» européennes, que chacun invoque sans jamais essayer de les caractériser.

Cette procédure peut sembler juridiquement étrange: prendre une telle décision sur la base d’une «menace» et non de faits, ne peut qu’ouvrir la porte à de nombreuses interprétations, voire à des arrière-pensées. Le temps de parole consacré à la défense de Viktor Orban peut paraître également très limité au regard de l’humiliation causée.

Surtout, cette affaire révèle les ambiguïtés de la construction semi-fédérale actuelle: qu’on le souhaite ou non, Viktor Orban a été élu par le peuple hongrois. Même si certaines de ses politiques sont critiquables – notamment son attitude par rapport aux médias et aux juges – la Hongrie reste un pays souverain. La véritable question n’est pas donc de disserter sur l’État de droit en Hongrie mais de savoir qui est légitime pour sanctionner les politiques publiques d’un gouvernement élu démocratiquement d’un État souverain, tant que les décisions de la Hongrie ne remettent pas en cause la paix en Europe.

Cette affaire révèle les ambiguïtés de la construction semi-fédérale actuelle : qu’on le souhaite ou non, Viktor Orban a été élu par le peuple hongrois.

La question est d’autant plus légitime que des mesures similaires prises à l’encontre de la Pologne fin 2017 n’ont pas changé grand-chose ni sur le fond, ni sur la forme, le gouvernement n’ayant pas été affaibli en interne. En votant cette résolution, la Droite européenne valide la grille d’analyse d’Emmanuel Macron qui cherche à installer un clivage entre des prétendus nationalistes et des gentils progressistes. L’analyse des votes démontre aussi que le piège a fonctionné: elle s’est fragmentée autour d’une ligne Est/Ouest, entre ceux qui comprennent la dureté d’Orban sur le sujet migratoire et ceux qui se sentent plus éloignés de ces problématiques.

Le Parlement européen dans cette affaire se prend pour un juge. Un juge politique. Tout cela ne peut conduire in fine qu’à la fragmentation de la construction européenne car aucun État souverain n’acceptera longtemps un tel régime. Malheureusement, on ne peut pas vouloir construire l’Europe sans une partie des pays concernés, ou alors il faudra assumer le rétrécissement politique de l’UE.

Nous devons donc urgemment proposer une autre voie avec les pays d’Europe de l’Est et du Sud en comprenant que le fameux «nationalisme» n’est autre que le retour de la frontière face à une vague migratoire sans précédent qui menace la stabilité des sociétés européennes. Les «gentils fédéralistes» piétinent le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et le prétendu progressisme macronien risque d’accélérer la décomposition de l’UE.


Cosignataires:

– Valérie Beauvais, députée de la Marne et vice-présidente d’Oser la France

– Patrice Verchère, député du Rhône et vice-président d’Oser la France

– René Danesi, sénateur du Haut-Rhin

– Alain Dufaut, sénateur de Vaucluse

– Bernard Fournier, sénateur de la Loire

– Jean-Philippe Mallé, ancien député PS et vice-président d’Oser la France

– Stéphane de Sallier Dupin, conseiller régional de Bretagne

– Thierry Hory, conseiller régional du Grand Est et maire de Marly

– Olivier Arsac, adjoint au maire de Toulouse en charge de la sécurité et conseiller métropolitain de Toulouse Métropole

– Gurval Guiguen, conseiller municipal et métropolitain de Rennes

– Jean-Claude Castel, conseiller départemental des Alpes-de-Haute-Provence et maire de Corbières

– Jean-Louis Ghiglione, adjoint au maire de Chatenay-Malabry

– Nicolas Leblanc, adjoint au maire de Maubeuge

 

Article dans son intégralité : http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2018/09/12/31001-20180912ARTFIG00322-julien-aubert-les-sanctions-contre-la-hongrie-ne-peuvent-conduire-qu-a-la-fragmentation-de-l-europe.php

Pour une Europe de nations souveraines, débruxellisons l’Union européenne !

Message de Julien Aubert, président d’Oser la France, de ce jour :
“Il y a trois ans disparaissait un grand gaulliste, Charles Pasqua, défendeur de l’Europe des Nations. Les héritiers de Pasqua et Seguin sont toujours là !”

Retrouvez la contribution d’Oser la France, soutenue et cosignée par 13 parlementaires et 13 élus locaux, au débat qui s’ouvre demain à Menton. Avec Thibault BAZINValerie Beauvais, Jean-François Parigi, Bérengère Poletti, Patrice Verchère, Stéphane Viry, Philippe Pemezec, Rene Danesi,Alain Dufaut, Bernard Fournier, Olivier Paccaud, Rene-Paul René-Paul Savary, Jean-Philippe Mallé, Bernard CarayonStéphane De Sallier Dupin,Stéphane SauvageonThierry Hory, Olivier Arsac, Gurval GuiguenJean-Claude Castel, Alexandre Rassaert, Pierre LagetJean-Louis Ghiglione,Nicolas LeblancJérôme Besnard.

http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2018/06/29/31001-20180629ARTFIG00283-pour-une-europe-de-nations-souveraines-debruxellisons-l-union-europeenne.php

Valider le CETA : un passeport pour le saumon transgénique ?

Oser la France Gironde prend position sur différents sujets  d’actualité : nous vous proposons une première réflexion sur un  sujet qui touche à la fois à la sécurité alimentaire, au libre-échange et à l’orientation que nous devrions donner à l’Europe.

Les efforts mis en œuvre en France dans le sens du bien-être animal et les craintes légitimes que suscitent des pratiques de modification génétique de denrées alimentaires justifient une vigilance accrue au niveau européen quant à la portée des accords commerciaux conclus, notamment avec le Canada.

Un  modèle productif intensif industrialisé à l’opposé des attentes des  français : mélanger les gènes des espèces pour produire plus gros et  plus vite

La  firme canadienne Aquabounty produit un Saumon Atlantique transgénique  dont la structure génétique a été modifiée pour atteindre la taille  commercialisable beaucoup plus rapidement (de 18 à 20 mois contre 28 à  36 mois) par introduction du gêne d’un autre Saumon Quinnat (Chinook,  Pacifique).

Demain,  elle pourra demander l’introduction de ce saumon ou sa production dans  des fermes aquacoles locales en Europe alors même que directement ou  indirectement, ses clients ne sont pas connus car il n’existe aucune  règle d’étiquetage pour un produit de ce genre.

Demain en Europe ! l’UE est impuissante à en éviter l’introduction…

Aquabounty  pourra présenter une demande d’introduction du Saumon AquAdvantage sur  le marché de l’UE en tant que denrée alimentaire ou pour l’élevage par  importation d’œufs en provenance du Canada, à un des Etats membres qui  la transmettra à l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (AESA).

L’étude  de l’AESA sera soumise au Comité Permanent des végétaux, des animaux,  des denrées alimentaires et aliments pour animaux qui vote à la majorité  qualifiée : cela ne garantit aucunement qu’une position de vigilance  portée par la France soit suivie par la majorité.

Au final et en cas de désaccords ou d’absence de majorité, l’arbitrage sera rendu par la Commission Européenne.

L’exemple  récent du refus d’interdiction du glyphosate nous montre que les procédures décisionnelles sont hasardeuses et aboutissent à un moins disant environnemental et sanitaire.

Que ce soit par la procédure de comitologie ou par adoption d’un projet d’acte d’exécution, la Commission ne peut certes s’abstenir  de trancher mais à partir du moment où des enjeux fondamentaux sont  concernés, sa décision ne devrait pouvoir se suppléer aux décisions des  parlements nationaux.

Impossibilité de s’opposer à cette introduction au titre de l’OMC

Si  une évaluation des risques a été faite par l’Union Européenne, il ne  sera plus possible de prétendre s’opposer à cette demande sauf à risquer  qu’un Etat ou l’Union Européenne se voient reprocher une violation de  l’Accord SPS (Sanitary and Phytosanitary Measures) en cas de refus  d’introduction de saumon transgénique.

Effets induits de l’accord UE/Canada

Conclu  dans le même esprit que l’OMC, le CETA a pour objectif de favoriser  l’utilisation de processus d’approbation des produits de biotechnologie: le principe de précaution n’est mentionné ni dans le CETA, ni dans son instrument interprétatif.

A  l’inverse, en France, l’animal est reconnu comme être sensible, une  réflexion donc doit être menée sur les aspects éthiques de  l’incorporation dans une espèce animale des gènes d’une autre espèce.

Le  cas d’Aquabounty n’est qu’un des aspects tangibles des effets de  l’ouverture dogmatique du champ des accords commerciaux : les Etats  Européens doivent pouvoir défendre les évolutions sanitaires et les  progrès communs construits au sein de l’Union Européenne.

Oser la France, changer l’Europe

  1. L’Europe doit se montrer protectrice et garantir la sécurité alimentaire des consommateurs : Il faut en finir avec le dogme suprême du libre-échange multilatéral et répondre aux attentes des citoyens européens.
  2. Les accords bilatéraux de libre-échange « total » ne peuvent être conclus avec des Etats ne présentant pas les mêmes standards sociaux,  environnementaux et sanitaires préservés sur l’existant européen
  3. La France doit porter l’objectif d’un commerce responsable intégrant la pérennité des filières de ses Etats membres : Elle doit faire entendre sa voix au sein du Conseil et au Parlement Européen pour  remettre les intérêts communs au cœur de l’Europe.

Oser l’Europe des nations

Introduction. Union européenne : le peuple introuvable

La construction européenne est le produit d’une idée juste et d’un vice de construction.

L’idée juste vise à permettre aux nations du Vieux continent de faciliter leurs coopérations. Il ne s’agit donc pas d’être favorable ou défavorable à l’Europe : l’Europe est en effet une donnée géographique, géopolitique et culturelle évidente pour la France qui a besoin de coordonner certaines de ses politiques avec ses voisins européens. La civilisation européenne est une réalité historique : l’Europe se définit par une Foi originelle commune, le christianisme, qui a engendré une civilisation universelle et singulière. Son premier pilier est donc la foi (Jérusalem) ; le deuxième pilier est la Raison (Athènes) ; le troisième pilier est le Droit (Rome).

Le vice de construction a consisté à créer une organisation supranationale, d’essence fédérale, en dépit de la pluralité des peuples européens qui ont, chacun d’eux, une longue histoire. Car il n’y a pas un seul peuple européen mais bien plusieurs peuples européens comme l’a souligné le Tribunal de Karlsruhe dans son arrêt du 30 juin 2009, la Cour constitutionnelle allemande rappelant, par la même occasion, que le Parlement européen n’a pas la même légitimité que les Parlements nationaux.

L’Union européenne, objet politique non identifié, est devenu, selon le mot de Gil Delannoi (Cevipof) « un arrangement politique et bureaucratique, quasiment incapable de reculer et d’avancer et, pire encore, incapable de penser et proposer plusieurs options à débattre », (« La nation contre le nationalisme », PUF, 2018). Il est vrai que le vote des Français qui avaient eu le mauvais goût de s’opposer, en 2005, au « Traité constitutionnel européen », a ainsi été contourné en 2007 par le Traité de Lisbonne.

Le Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG) dit « Pacte budgétaire européen », entré en vigueur le 1er janvier 2013, a tout simplement constitutionnalisé une politique économique. Et que dire de l’Euro, la monnaie unique, imposée à des peuples européens aux économies et aux sociétés parfois si différentes, au prix de bien des contraintes voire de bien des souffrances… Avec une ampleur croissante, ce déni de démocratie est vivement ressenti par les peuples européens qui se sentent dépossédés de la maitrise de leurs destins ; et nous tenons pour sûr que l’affaiblissement volontaire des nations, voulue par une large partie des élites est une des raisons majeures de la montée des nationalismes.

Le débat entre partisans d’une Europe respectueuse des souverainetés nationales et partisans d’une Europe fédérale n’a pas cessé d’être au cœur de la discussion publique en France, depuis le Traité de Maastricht adopté par référendum en 1992. Et ce, malgré les efforts déployés par les dirigeants des principales formations politiques pour masquer les enjeux profonds d’une intégration européenne à marche forcée.

L’élection d’Emmanuel Macron, il y a un an, à la Présidence de la République, a eu le mérite de rompre avec les louvoiements de ses prédécesseurs : ce jeune Président, s’est installé dans un paysage politique épuisé aux yeux des Français, les politiques menées depuis bientôt 30 ans par la droite et par la gauche ayant été, pour l’essentiel, les mêmes, sans qu’elles aient été vraiment assumées. Le Chef de l’Etat fait de l’Union européenne la colonne vertébrale de sa politique, mettant sans cesse en scène son volontarisme européen. Le philosophe et historien Marcel Gauchet le souligne : « l’article 1 du macronisme, c’est l’Européisme », (13 mai 2018). Emmanuel Macron a ce mérite : il oblige ainsi les acteurs politiques à s’emparer de la question européenne et à prendre clairement position. Aussi, les patriotes, nationaux et républicains, partisans de la nation souveraine, ont-ils le devoir de construire la proposition claire et cohérente qu’attendent les Français. Cette courte note tente, dans un premier temps, de discerner la dynamique et les faiblesses du « moment Macron ». Puis dans un deuxième temps, de définir pour Oser la France une ligne politique sur la question européenne assortie de quelques recommandations d’actions.

 

  1. Emmanuel Macron, Président de la République : l’émergence d’un nouvel ordre politique

Emmanuel Macron, dès la campagne électorale pour la Présidentielle, s’est revendiqué d’un projet politique libéral et européiste, à la fois de droite et de gauche, soulignant la cohérence, sur le fond, de sa démarche. Il a toujours, depuis son arrivée à l’Elysée, assumé sa ligne politique. Le Président de la République ne doit cependant pas oublier les conditions politiques de sa victoire qui révèlent, pour l’instant, une absence d’ancrage en profondeur dans le pays et d’un projet réellement fédérateur pour la France.

 

1.1. Une recomposition politique cohérente et dynamique

Jérôme Sainte-Marie, dans son ouvrage « Un nouvel ordre démocratique » (Editions du Moment, 2016) ou Jérôme Fourquet, dans « Le nouveau clivage » (Editions du Cerf, 2018), évoquent la recomposition profonde du champ politique en France impulsé par le Président de la République. Cette recomposition s’est d’abord faite à partir du caractère devenu obsolète du clivage entre la droite et la gauche, en particulier sur l’Europe : cela est apparu avec netteté lors des référendums sur le Traité de Maastricht en 1992 et sur le Traité constitutionnel européen en 2005, les partis principaux de la droite (RPR et UDF devenus UMP) et de la gauche (PS) étant eux-mêmes divisés entre européistes et partisans de la souveraineté nationale. Jérôme Fourquet, en conclusion de son ouvrage précité, souligne « qu’en France, le processus de recomposition politique initié par la victoire d’Emmanuel Macron est bien engagé mais n’est pas encore arrivé à son terme. L’aile la plus libérale de la droite a déjà ou est en train de rallier le bloc central macronien ». Il ajoute : « Si le clivage gauche/droite n’a pas dit son dernier mot, notamment dans un vieux pays comme la France, chacun de ces deux blocs est de plus en plus travaillé par ces nouvelles lignes de fracture. Les récents débats, à gauche, sur l’islam et la laïcité et à droite, sur la construction européenne et le libre échange l’illustrent. En France comme ailleurs, un nouvel ordre politique est en train d’émerger sous nos yeux ».

Les élections européennes de juin 2019 seront donc l’occasion pour Emmanuel Macron de poursuivre et d’amplifier la recomposition politique entreprise, en bénéficiant de la dynamique suscitée par la cohérence de son « logiciel » libéral et européiste qui occupe un espace grandissant, à gauche et à droite.

 

1.2. Une recomposition politique sans adhésion majoritaire des Français.

Si sa légitimité politique est évidemment incontestable, Emmanuel Macron ne doit tout de même perdre de vue ni l’étroitesse de son socle électoral ni la polarisation de la vie politique et sociale : un chef de l’Etat ne peut gouverner la France sans avoir le souci de sa cohésion. Or, les conditions de son élection ainsi que la politique menée depuis un an dérogent à cet impératif catégorique. Le premier tour de l’élection présidentielle a donné la vérité du rapport de force politique en France : Emmanuel Macron, Marine Le Pen, Francois Fillon et JeanLuc Mélenchon sont arrivés au coude-à coude, avec, pour chacun d’eux, plus ou moins de 20 % des suffrages exprimés.  Jérôme Sainte-Marie, analysant les votes du premier tour de l’élection présidentielle de 2017, a pu évoquer un « bloc élitaire » en faveur d’Emmanuel Macron et de Francois Fillon et un « bloc populaire » pour Marine Le Pen et JeanLuc Mélenchon. Car cette nouvelle ligne de partage entre « européistes » et « souverainistes » a une réalité sociale, présente en France comme dans toutes les démocraties occidentales :

  • Les « européistes » vivent en majorité dans les métropoles, appartiennent aux CSP + et sont en phase avec la globalisation libérale dont ils maitrisent les codes et tirent leurs revenus ; ils veulent dépasser le cadre national et favoriser le multiculturalisme.
  • Les « souverainistes » vivent en majorité dans les territoires de « la France périphérique », appartiennent aux classes populaires et classes moyennes inférieures ; ils sont attachés à un territoire, à des traditions et au cadre national.

 

1.3. Une recomposition politique sans projet fédérateur pour la France

Le projet politique d’Emmanuel Macron, conceptualisé autour des notions de la « République contractuelle » et de la « souveraineté européenne », vient percuter l’architecture politique et sociale de la France, fondée, dans sa profondeur historique, sur le triptyque Nation-Etat-République. Avec la « République contractuelle », tout d’abord, il s’agit de valoriser le contrat et les rapports contractuels au détriment de la loi. D’où l’inversion de la hiérarchie des normes dans la réforme du code du travail, code du travail conçu, faut-il le rappeler, non pas pour créer des emplois mais pour donner des protections au salarié dans la relation asymétrique qui le lie à son employeur. Avec la prétendue « Souveraineté européenne », ensuite, il s’agirait de déposséder la France de sa souveraineté au profit de l’Union européenne ; mais cette « Souveraineté européenne » est une aporie pour la raison, vue plus haut, qu’il n’y a pas un seul mais plusieurs peuples européens.

 

  1. Oser la France : Une France libre dans une Europe respectueuse des nations.

Oser la France rassemble des Français qui travaillent à un projet politique inspiré de l’action du Général de Gaulle, c’est-à-dire fondé sur la souveraineté de la France et l’autorité de son Etat. Charles de Gaulle : « La démocratie, pour moi, se confond avec l’idée nationale ».

Oser la France assume clairement le choix de la nation souveraine, condition sine qua non de la démocratie et des solidarités effectives. Il nous faut, pour cela, combattre cette pensée binaire, répandue à dessein, qui nous intime l’ordre de choisir entre une Europe présentée comme moderne et une France dépeinte comme étriquée voire « moisie ». Nous sommes armés pour le faire : d’abord parce que la France a toujours été ouverte au monde ; c’est ne pas connaitre son histoire que d’en faire un pays recroquevillé sur lui-même. Ensuite parce que la conception française de la citoyenneté est ouverte et exigeante : ouverte car être Français ne relève pas d’une question de couleur de peau ou de religion ; exigeante, car être Français, c’est assimiler l’histoire de notre pays, se conformer aux principes politiques et juridiques qui l’ont façonné, le gouvernent, et qui tendent à l’universel.

 

2.1. La nation souveraine, condition de la démocratie.

Nous ne serons pas comme ces pharisiens, trop nombreux dans le champ politique, pointés par Philippe Séguin dans son discours à l’Assemblée nationale préalable au vote de la loi sur la ratification du Traité de Maastricht, dans la nuit du 5 au 6 mai 1992 : « Qu’on ne s’y trompe pas : la logique de l’engrenage économique et politique mis au point à Maastricht est celle d’un fédéralisme au rabais, fondamentalement antidémocratique, faussement libéral, résolument technocratique. L’Europe qu’on nous propose n’est ni libre, ni juste, ni efficace. Elle enterre la conception de la souveraineté nationale et les grands principes issus de la Révolution : 1992 est, littéralement, l’anti 1789. Beau cadeau d’anniversaire que nous font les pharisiens du Bicentenaire pour les deux cents ans de cette République qu’ils encensent dans leurs discours et ruinent par leurs actes ! ».

Et Philippe Séguin de rappeler plus loin que la souveraineté est une catégorie philosophique et politique qui ne peut se diviser :

« La souveraineté est une notion globale, indivisible, comme un nombre premier. On est souverain où on ne l’est pas, mais on ne l’est jamais à moitié. La souveraineté est par essence un absolu qui exclut toute idée de subordination et de compromission… La souveraineté, cela ne se divise pas, cela ne se partage pas non plus et, bien sûr, cela ne se limite pas ».

La souveraineté nationale n’est pas une idée quelconque, agitée sur le marché politico-médiatique de l’information en continu : elle est au cœur de l’identité politique de la France ainsi qu’au sommet de la hiérarchie des normes juridiques, avec la Constitution.

D’abord par l’article 3 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, intégrée au Préambule de la Constitution de 1958 : « le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément ».

Ensuite par le Titre premier de notre Loi suprême, intitulé « De la Souveraineté nationale », qui stipule en son article 3 : « La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par voie de référendum ».

Cette question de la souveraineté nationale est centrale car elle conditionne le sens de nos engagements politiques : nous sommes au service du peuple français, et pour longtemps encore, l’intérêt général se définira au niveau de la nation, corps politique unifié. Ce qui fait dire à Marcel Gauchet : « les poussées dites populistes en Europe ne sont qu’un symptôme parmi d’autres d’un mouvement plus large et plus profond. Indépendamment d’elles, le retour des nations est déjà là en Europe. Il ne trouve pas encore sa traduction politique et institutionnelle mais le processus est à l’œuvre. Le nouveau monde est et sera un monde d’Etatsnations », (13 mai 2018). Où l’on voit qu’Oser la France pourrait avoir une responsabilité particulière dans ce processus à l’œuvre…

 

2.2. La nation souveraine, condition de la solidarité

Qu’est devenu le grand récit national et républicain, porteur de promesses sociales et de valeurs universelles ? Le modèle politique et social auquel les Français restent attachés, porté par le triptyque Etat-Nation-République, est constamment remis en cause par l’Union européenne pour des raisons idéologiques présentées comme simplement « techniques ». Cela doit cesser. Non pas que ce modèle français ne demande pas à être amendé et adapté aux circonstances de l’heure. Mais la conception que nous avons de l’Etat et en conséquence des notions de « puissance publique », de « service public », de « protection sociale » ou de « laïcité » est le produit de notre histoire, élaboré par les Français eux-mêmes. Il faut ici le redire avec force : c’est l’Etat qui a créé la France. Cette réalité historique devrait toujours être à l’esprit des dirigeants politiques alors que se font bruyamment entendre des identités régressives portées par divers communautarismes, corporatismes et féodalités locales. Quand l’Etat est faible, ce sont les bandes et les tribus qui prospèrent. Les Français et parmi les plus modestes, l’ont bien compris : il n’y aura, dans notre pays, aucune justice sociale, aucune cohésion sociale envisageable sans une économie redressée, fondée elle-même sur une souveraineté populaire et nationale retrouvée. De ce point de vue, la viabilité de l’Euro nous interroge car les conditions d’existence d’une monnaie unique sont liées aux flux de transfert budgétaire et financier sur les territoires de cette monnaie. En d’autres termes : seul un Etat unifié porté par une nation souveraine peut assumer une politique de réduction des écarts entre ses territoires, et ce, par des mécanismes de compensation, de péréquation et liés à l’aménagement de son territoire.

 

  1. 8 mots clés pour une Union européenne respectueuse des nations souveraines.

Nous traçons aujourd’hui une ligne à 8 traits qui délimite le périmètre d’une nouvelle Europe et que nous versons à la réflexion collective des Républicains. Elle peut être résumée en 8 mots clés :

 

1# Clarté.  Les Républicains doivent sans ambiguïté affirmer qu’ils considèrent que le but ultime de l’Union européenne n’est pas une Fédération mais qu’elle doit garder sa nature d’organisation internationale sui generis.

 

2# Civilisation.  L’Europe, c’est une âme. C’est notre civilisation. C’est donc dans le périmètre de cette civilisation que la coopération européenne doit s’épanouir, ce qui exclut définitivement les pays comme la Turquie et ouvre la porte à des pays comme la Russie. Cela veut dire aussi que notre priorité doit être de mener une politique de coopération ciblée tout en luttant contre le terrorisme djihadiste et l’immigration massive. Cela veut dire également de revoir au besoin le périmètre de Schengen.

 

3# Démocratie. Le Parlement européen ne peut pas incarner un peuple européen. La commission, composée de fonctionnaires, ne peut-être son gouvernement. Remettons au cœur de l’Europe les Parlements nationaux, au lieu de les contourner comme on le propose pour les traités commerciaux. Le rôle politique de la commission qui est une anomalie pour une organisation internationale doit être clairement supprimé.

 

4# Simplification. Organisons un recentrage des missions de l’Union européenne sur des sujets où elle a une vraie plus-value mais sans pour autant s’encombrer des 27 pour avancer. Construisons des coopérations variables comme pour Airbus en dehors de la lourdeur bruxelloise pour construire par exemple des géants du numérique.

 

5# Souveraineté. On ne peut rester les bras croisés à voir notre pays « se détricoter ». Il faut qu’une loi de souveraineté d’un Parlement soit supérieure au droit dérivé européen. Exigeons un droit de veto.

 

6# Service public. Nous souhaitons que soit mis fin à la politique de libre concurrence tous azimuts et voulons encourager le maintien des services publics dans certains secteurs stratégiques comme l’hydroélectricité ou le nucléaire. A l’inverse, exigeons de Bruxelles des mesures de rétorsion massives contre les GAFAS.

 

7# Protection. La France doit s’opposer à ce que les traités s’appliquent sans avis conformes de son Parlement. Les Républicains doivent s’engager à voter « non » aux traités commerciaux à venir du type CETA ou MERCOSUR.

 

8# Budget. Nous voulons assouplir l’absurde règle des 3 % de déficit en excluant de son calcul les investissements d’avenir ainsi que les dépenses de santé ou d’éducation. Plus largement, l’Italie remet en cause avec raison le verrou du déficit. Comme le réclament 154 économistes allemands, nous devons prévoir une clause de sortie de l’Euro et réfléchir dès maintenant à l’avenir de la zone Euro en cas de sortie de l’Italie.

Nouvelle réglementation RGPD

 

RGPD : “Je préfère qu’on paye les réseaux sociaux que de donner gratuitement nos données au GAFAM”.

Julien Aubert s’exprime au sujet des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), et de nos données personnelles que ces derniers s’approprient gratuitement. Ce sujet est d’autant plus important qu’il existe de nombreux vide juridique international à ce sujet.

 

RGPD : " Je préfère qu'on paye les réseaux sociaux, que de donner gratuitement nos données au GAFAM "

Julien Aubert sur le RGPD : C'est une avancée. De ce point de vue-là, je pense que l'Europe a pris ses responsabilités. Maintenant, quand je vois que Mark Zuckerberg [le dirigeant de Facebook] est "pour", je me dis "attention". Depuis quelques jours, nous recevons tous des mails où l'on nous dit : "Vous êtes sur tel site, il y a le RGPD, alors vous devez dire si vous acceptez les nouvelles conditions d'utilisation". Que font 99,99% des gens ? Ils cliquent en disant : "OK". Personne ne lit réellement. Il nous faudrait des jours et des jours pour aller regarder [ces conditions] dans les détails. Je suis pour des solutions plus dures. Ces données sont récupérées par des GAFAM [Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft] et elles nourrissent ensuite les moteurs d'intelligence artificielle et, dans 20 ans, on n'hésitera pas à nous vendre ces mêmes services d'intelligence artificielle. Je suis pour que les données soient considérées comme la "chose de personne", qu'on ne puisse pas se les approprier, elles sont ni à moi ni aux GAFAM, quitte à faire payer des services informatiques pour qu'elles ne soient pas conservées. Je préfère qu'on paye Facebook, même à un prix minime, qu'on paye Google, mais qu'on arrête ce système. Car les gens ont l'impression que c'est gratuit, en réalité ça ne l'est pas (…) Nous voulons que ce soit gratuit et nous donnons nos données, mais ces données seront utilisées un jour contre nous. Il faut bien avoir conscience que les projets de certaines de ces entreprises vont dans un sens qui, à mon avis, sera un jour défavorable.

Publiée par Oser la France sur Mardi 29 mai 2018

 

Le capitalisme mondialisé fait s’opposer le libéralisme et la démocratie

Extrait

Il n’est donc pas question de se détourner du libéralisme mais de revenir à son essence pour le réconcilier avec la démocratie. Mon libéralisme est soumis à l’intérêt général et au pouvoir démocratique. A mon sens, la droite sera sociale ou ne sera pas.

En renonçant à l’accord iranien, Donald Trump a mis à mal ce qui était symboliquement perçu comme la victoire de la diplomatie “multilatérale” défendue par les européens.

C’est donc cette approche qui a été affaiblie par cette décision, au profit d’une diplomatie du rapport de force. Au regard de ce contexte, comment l’Europe et la France peuvent-elles s’adapter à ce qui ressemble à une nouvelle donne ?

Le dossier iranien a démontré l’inexistence politique de l’Europe en tant qu’entité sur la scène internationale malgré les nombreux efforts qui ont été déployés en ce sens, tout simplement car nous n’avons pas d’intérêts concordants. La France a une longueur d’avance dans le domaine car cela fait longtemps que nous plaidons pour une diplomatie indépendante. L’impossibilité de construire une diplomatie européenne s’explique par le fait que certains pays continuent à attendre de l’oncle Sam qu’il leur dicte leur politique étrangère.

Nous devons nous demander si notre intérêt en tant que Français, est de continuer à avoir un Iran qui se durcit, si nous avons intérêt à une guerre froide avec la Russie…  C’est ces questions que nous devons nous poser.

Retrovuer l’intégralité de l’article sur :
http://www.atlantico.fr/decryptage/julien-aubert-capitalisme-mondialise-fait-opposer-liberalisme-et-democratie-qui-arrivait-pas-passe-3405521.html#OtU9UVzomKoLVkET.99