TRIBUNE – Coolidge et Colbert

Par Julien Aubert

Tribune parue sur Le Diplomate Media : https://lediplomate.media/2025/03/coolidge-colbert-protectionnisme-trump/julien/monde/etats-unis/

Les dernières annonces de Trump en matière économique sont le prélude d’un retour au protectionnisme de la nation américaine. En Europe, et plus précisément en France, le protectionnisme est associé à une notion plus vaste, celle du colbertisme, alors qu’en réalité, les deux mots ne sont pas équivalents. Cette confusion doit être levée pour comprendre exactement les enjeux de la nouvelle donne. 

Le protectionnisme en France est consubstantiel du développement de l’État au point qu’on puisse considérer qu’ils sont corrélés. Il est l’héritier du mercantilisme qui domine la pensée économique entre le XVIème et la XVIIIème siècle, et qui, lui, est la projection volontariste de l’État dans la gestion du commerce extérieur. Dans la pensée mercantiliste, l’État se trouve investi de la responsabilité de développer la richesse nationale. Le gouvernement de Jean-Baptiste Colbert, principal ministre d’État (1661 – 1683) est celui qui a incarné dans la psyché nationale la mise en œuvre de cette approche économique, parce qu’il coïncide avec la consolidation du pouvoir royal sous Louis XIV. Le colbertisme n’est donc pas qu’un (vulgaire) protectionnisme : il est aussi une implication dans l’économie de l’État qui crée des manufactures et prend des mesures énergiques pour décloisonner ce qu’on appellerait aujourd’hui le marché national. L’objectif de Colbert est d’accumuler des réserves d’or et d’argent pour financer la Gloire royale dans ses guerres et ses grands travaux, un État fastueux, épris de grandeur et munificence. Le colbertisme est un protectionnisme au service de l’intérêt public, qui en 1660 était celui du roi.

La version anglo-saxonne du mercantilisme a été plus prudente sur la nécessité d’un contrôle de l’économie intérieure, peut-être parce qu’elle a coïncidé avec la Révolution anglaise (1642-1651), l’affaiblissement de la monarchie et l’éveil de la société marchande britannique. Les mercantilistes anglais (1640-1660) s’intéressent surtout à la maîtrise du commerce international, essentiel pour bâtir un empire. La Glorieuse Révolution (1688 – 89) se déclenche ensuite contre le maladroit Jacques II, qui souhaitait justement instaurer un État absolutiste moderne, en imitant Louis XIV. Chassé du trône et remplacé par Guillaume d’Orange, Jacques II affronte des révolutionnaires libéraux (whigs) qui mettent en avant le modèle hollandais. Ces derniers ne rejettent pas l’État en lui-même mais sont attentifs aux questions de tolérance, et notamment de tolérance religieuse. 

Le libéralisme anglais est encore interventionniste, bien que certains historiens, comme Douglass North ou Barry Weingast, considèrent que la Glorieuse Révolution pave la voie à un consensus capitaliste contre l’intervention économique de l’État, porté par des coalitions d’individus issus de l’élite décidés à résoudre les problèmes financiers du royaume tout en imposant des limites au pouvoir royal. En réalité, l’accession de Guillaume d’Orange est facilitée par le soutien des whigs qui contestaient les rentes et monopoles attachées notamment à la Compagnie des Indes, d’où une volonté de faciliter le libre-échange pour améliorer la richesse des manufactures anglaises, c’est-à-dire développer une société industrielle. C’est à cette époque qu’est née la banque d’Angleterre. Lorsque les britanniques sont pour le protectionnisme, ce dernier est au service d’intérêts privés, ceux de la nouvelle classe marchande.

Les Etats-Unis sont les héritiers de la pensée anglaise, d’autant que la société américaine s’est construite avec un état d’esprit décolonial, opposé à la monarchie britannique. La Boston Tea Party (1773) est d’abord un mouvement de révolte fiscale. Au XIXème siècle, le moment protectionniste américain a débuté dans les années 1820 pour protéger les industries naissantes, mais l’État reste peu interventionniste dans la vie sociale et économique. 

Aux Etats-Unis, le président Coolidge (1923-1929) fut un excellent exemple de cette approche anglo-saxonne, caractérisée par des droits de douane élevés et la plus faible régulation économique possible. Coolidge s’opposa par exemple au rachat des surplus agricoles par l’armée au motif que l’agriculture devait se tenir « sur une base commerciale indépendante » et que le « contrôle étatique ne pouvait être détaché du contrôle politique ». La crise de 1929 fut cependant un choc pour ces adeptes du laissez-faire et l’attentisme des successeurs de Coolidge, trop confiants dans la capacité de l’Économie à sortir toute seule de la crise, causa la Grande Dépression. 

Au sortir de la période exceptionnelle de guerre (et notamment le New Deal), cette distinction entre protectionnisme étatiste à la Française et un protectionnisme libéral anglo-saxon est restée valide jusque dans les années 70. 

La construction européenne a en effet progressivement rebattu les cartes. La CEE avait été conçue comme une citadelle protectionniste autour d’un grand marché, ce qui faisait qu’elle empruntait plutôt à la logique anglaise qu’à la logique française. Bien entendu, la France a modelé le concept de Commission européenne mais en l’absence de super-État fédéral, personne ne pouvait jouer un rôle colbertiste. Sans État, sans monarque, pas d’intérêt public. En revanche, le premier président (1958-1967) de la Commission, W. Hallstein, ancien professeur de droit public devenu diplomate allemand, était un fédéraliste convaincu qui s’est employé à structurer la Commission pour développer une union douanière à partir de 1968. 

La création du marché européen – notamment l’Acte unique (1986) supprimant les obstacles techniques aux frontières, puis l’Union économique et monétaire née à Maastricht (1992) – ont, sous la présidence du Français Jacques Delors – progressivement contraint la capacité des États à jouer un rôle actif dans leurs politiques économiques nationales. Les symptômes les plus flagrants de cette évolution ont été la disparition du ministère de l’Industrie et la perte de substance de la Banque de France. 

Dans un second temps, la CEE, emportée par la mondialisation des années 90-2000, a abaissé ses frontières tarifaires, tout en maintenant son anti-interventionnisme congénital, sa seule arme restant le contrôle de la concurrence mais vu à la seule maille européenne. Ce moment antiprotectionniste a coïncidé, à partir des années 1990, avec une vague non pas libérale, mais néo-libérale, venue de Londres et Washington, qui a frappé tous les pays occidentaux : libération totale des mouvements de capitaux, dérégulation financière, politique monétariste, libre-échange commercial sans réciprocité. 

Les Etats-Unis, s’ils ont adopté une politique néo-libérale, se sont cependant adaptés au nouveau contexte. Renoncer aux droits de douane ne signifie pas dire adieu à la guerre économique, contrairement à ce qu’espérait l’Europe. Bill Clinton n’a pas hésité à utiliser des sanctions envers les entreprises investissant dans les secteurs pétroliers de l’Iran ou de la Libye ou encore à Cuba (1996), élargissant ainsi la portée extraterritoriale des sanctions américaines. Cet activisme économique transitait cependant par les institutions multilatérales comme le FMI et la Banque mondiale, ou par les accords de libre-échange régionaux (ALENA). 

Ses successeurs ont progressivement amélioré les « armes » économiques, par exemple lorsque sous Obama ou Biden, des banques iraniennes ont été déconnectées du système SWIFT (2012, 2022) ou en alourdissant les amendes infligées aux entreprises étrangères (BNP en 2014). 

Néanmoins, ce que les Européens ont mal perçu c’est qu’au fur et à mesure que le monde devenait de plus en plus néo-libéral, les Etats-Unis ont, sur leur marché intérieur, tourné le dos au libre-marché et à la concurrence, laissant des mastodontes dominer des secteurs comme la santé, le transport aérien, les communications ou les services financiers. Les GAFAM sont les enfants terribles de ce qu’on pourrait appeler un illibéralisme néolibéral. 

Alors comment analyser Trump au regard de cette histoire ?

D’un côté, Trump est le digne héritier de Clinton, Obama et consorts. Il ne fait que revenir à des armes plus classiques de guerre économique en renouant avec le protectionnisme à l’anglo-saxonne. En effet, d’une main, Trump met en place une politique qu’on pourrait qualifier de protectionnisme, avec un relèvement des droits de douane pesant sur ses propres alliés, afin de rééquilibrer les termes de l’échange. De l’autre, Trump élargit le spectre de la guerre économique, au-delà du commerce, en cherchant à sécuriser les voies d’approvisionnement en terres rares. Auparavant, toutes les guerres états-uniennes suivaient le parcours des gazoducs et oléoducs. Désormais, il faudra regarder où sont entreposés le Cérium ou le Dysprosium pour savoir qui est menacé. 

Néanmoins, Trump est aussi la conséquence de la dérive illibérale interne, car les grands mastodontes privés ont « investi » à Washington pour empêcher qu’il leur advienne ce que le trust Standard Oil a connu en 1911. Elon Musk en est l’incarnation la plus vivante : il a acheté sa place aux cotés de Trump. Mais il masque les rôles de Bezos, Zuckerberg et autre Fertitta. 

Ce faisant, la situation américaine actuelle résulte de la logique anglo-saxonne poussée au paroxysme : les intérêts marchands ont cannibalisé l’État et les monopoles font la loi. Les Etats-Unis renouent avec une politique protectionniste classique, sans État stratège. C’est même plutôt l’inverse, puisque le DOGE (Department of government efficiency), piloté par Elon Musk, semble vouloir réduire l’État fédéral au maximum, et plus particulièrement tout ce qui relève des secteurs sociaux, éducatifs ou humanitaires. Les grands mastodontes dépècent l’État. 

Voilà pourquoi les gaullistes français qui saluent le retour au protectionnisme et au patriotisme américain n’ont rien compris au film. Le trumpisme n’est pas un gaullisme américain mais un ultra-libéralisme protectionniste qui est prêt à vassaliser l’intérêt public aux intérêts privés. En commençant par celui de Donald Trump et Elon Musk.


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TRIBUNE – La bonne, la brute et le truand.

Par Julien Aubert

Tribune parue sur Le Diplomate Media : https://lediplomate.media/2025/03/conflit-eu-russie/julien/monde

C’est une réplique de western célèbre qui m’a éclairé sur le titre à donner à cette chronique. “Tu vois ? Le monde se divise en deux catégories : ceux qui ont un pistolet chargé, et ceux qui creusent. Toi, tu creuses”

Trump et Poutine ont un pistolet chargé. L’Europe, elle, commence à consulter le prix des pelles. 

Il faut dire que le vieux continent s’est réveillé brutalement d’un long coma géopolitique pour découvrir que le monde a changé. Comme le lièvre de la fable, la voilà qui hâte le pas pour rattraper l’Histoire. 

L’Europe n’a dans cette affaire aucune excuse. Depuis des années la personnalité versatile et égocentrique de Trump est connue. On sait sa propension à vouloir « dealer » avec les plus grands dictateurs de la planète en jetant aux orties des décennies de politique américaine. 

On savait aussi que Trump élu ne rêvait que de conclure un accord avec Poutine pour mettre fin à la guerre en Ukraine. Il l’avait dit et promis. Rappelez-vous, j’en avais parlé ici il y a un an : le plan de paix imaginé par Donald Trump en Ukraine avait fuité et provoqué un tollé. Le candidat républicain aurait envisagé de laisser le Donbass et la Crimée à Poutine. J’avais alors écrit : « Sauf à croire que l’Occident va doter l’Ukraine des moyens de vaincre la Russie, le meilleur résultat possible que l’Ukraine pourra obtenir est d’avoir le droit de survivre, amputée de territoires pris par la force. »

Nous y sommes, mais l’Europe n’a rien fait de tout ce temps pour conjurer cet avenir bien sombre. Ce n’est qu’au lendemain de l’humiliation publique de Zelensky à Washington que l’Europe, affolée, s’emploie à adapter sa doctrine stratégique au nouveau monde. 

Elle le fait de manière particulièrement désordonnée, confondant le fond et la forme, les symboles et la réalité. 

On aura beau jeu de souligner l’impolitesse de la brute Trump (quoique sur le look vestimentaire de Zelensky je suis de son avis) mais ce manque élémentaire de savoir-vivre ne doit pas faire oublier le fond : un changement de pied géopolitique majeur de Washington, qui entre Moscou et Pékin, a choisi son vrai challenger. 

Aussi, lorsque le roi Charles ou l’ensemble des dirigeants européens entourent Zelensky de leur sollicitude, ils atténuent l’humiliation, c’est à dire la forme, mais semblent passer à côté du tableau général. C’est très beau pour la photo officielle mais ça ne change pas d’un iota la situation sur le terrain. La plupart des pays européens n’ont aucune armée à envoyer en Ukraine et les opinions publiques aucun désir de mettre un doigt dans l’engrenage de la guerre. La Commission européenne – dont ce n’est pas le rôle – s’agite frénétiquement en annonçant des centaines de milliards pour la défense européenne mais on a déjà vécu de telles annonces sur d’autres sujets comme le Réchauffement climatique ou la santé. Si l’industrie et l’opérationnel ne suivent pas, la vérité est que la force de frappe de la finance reste théorique. 

On peut surtout craindre par contre que cette débauche de moyens ne soit une tentative de fédéraliser par la dette l’Europe… ou de ruiner d’autres politiques qui sont, elles, de la compétence de la Commission puisqu’elle entend puiser dans les fonds structurels. 

Mais revenons au fond. 

À partir du moment où Trump choisit de s’accorder avec Poutine pour arracher la Russie à l’orbite chinoise, l’Europe et l’Ukraine feraient mieux de se poser certaines questions existentielles, et de réfléchir à cette citation de Belmondo : « Quand les types de 130 kilos disent certaines choses, ceux de 60 kilos les écoutent.” (100 000 dollars au soleil, 1964).

La première question existentielle : qui menace aujourd’hui l’Europe ? 

Instinctivement, l’ensemble des dirigeants européens répond que c’est Poutine, le truand européen. Certes, la Russie a envahi la Crimée et l’Ukraine mais prétendre que demain elle visera la Pologne ou la Roumanie est stupide. De plus, pour qui connaît un peu le temps long, il est assez clair que la politique d’agression russe s’est justement bâtie en réponse à la consolidation de l’OTAN à ses frontières et aux coups tordus de l’oncle Sam dans une zone qu’elle estime (à tort ou à raison) relever de sa suzeraineté. Je veux parler de l’indépendance du Kosovo, juridiquement contestable, ou bien de l’extension de l’OTAN à des pays de l’ex-URSS ou encore du bouclier anti-missiles américain. 

À partir du moment où Trump lui-même remet en cause cette politique antirusse, sommes-nous fondés à la conserver ? Après tout, Washington parle ouvertement de nous faire mal commercialement ou d’annexer une partie d’un pays de l’UE. 

La vérité est que l’Europe n’a pas d’amis, qu’il s’agisse de la Chine, de la Russie ou maintenant des Etats-Unis. Néanmoins, la dernière des erreurs serait de s’embrigader dans un conflit armé avec Moscou. 

À lire aussi : IIIème Guerre mondiale ou démonstrations de force avant les pourparlers ?

Nous arrivons donc à la seconde question existentielle : Quel est l’intérêt dans cette affaire de la France ? 

Henri Guaino a eu une phrase très juste : l’Ukraine est notre cause, pas notre guerre. 

Notre intérêt est de ne pas nous faire satelliser par Washington et Moscou. La fin de l’OTAN est donc en soi une opportunité pour prendre la direction d’une Europe de la Défense dont le premier intérêt serait de servir de débouché à notre industrie d’armement. 

Dans ces conditions devenir le « parrain nucléaire »de l’Europe a du sens à condition que ce parapluie soit organisé de manière à parer les menaces « tous azimuts » – et pas seulement une assurance contre la Russie ; que les pays européens payent pour cette assurance nucléaire ; et enfin que nous définissions très précisément les limites de notre garantie. Notre intérêt fondamental est que des pays comme l’Allemagne, la Pologne, l’Italie ou même la Grèce restent indépendants. Leur assurer notre protection c’est aussi travailler pour la nôtre. En revanche, je ne suis pas certain que la Géorgie, l’Ukraine ou même les états baltes présentent le même degré d’urgence géostratégique. 

Cette protection, de surcroît, ne saurait se confondre avec la dilution opérationnelle : l’arme atomique doit rester une arme française. Je me rappelle les propos ambigus d’Emmanuel Macron que j’avais souligné en mai 2024 dans les colonnes du Diplomate sur l’avenir de la dissuasion : « La seconde rupture est que la France entend désormais contrer l’Allemagne avec un projet de défense européenne, souveraine, reposant sur des équipements européens… qui soit sous chapeau de l’OTAN.  En d’autres termes, non seulement l’arme nucléaire est mise au même rang que les missiles américains déployés chez nos voisins (ce qui est une injure technologique), mais en plus nous nous proposons de la partager. Et à côté de cela, nous articuler avec Washington. En réalité, Macron fait comme ses prédécesseurs sur l’euro : il ouvre les portes de la forteresse nationale aux teutons de peur qu’ils ne s’émancipent. « 

Nous arrivons enfin à la troisième question existentielle : Que faire en Ukraine ? 

Le conflit a été encombré d’une sorte de mythologie faisant de Kiev le bastion avancé du monde libre, disputant cet honneur à Israël. Il faut se débarrasser de cette communication pour revenir au fond du conflit. 

D’un point de vue historique, les relations entre Russie et Ukraine sont plus complexes qu’il n’y paraît. 

D’un point de vue juridique, Zelensky a totalement raison. Mais lorsque les 3/5ème des membres permanents du conseil de sécurité sont prêts à le remettre en cause, l’ONU n’est plus en mesure de dicter quoique ce soit. Lorsque les dirigeants européens parlent de déployer des forces de maintien de la paix, j’ai envie de leur demander : sur quelle base juridique ? 

Sans accord russo-américain, il n’y aura aucune base ONU valable pour un déploiement de troupes qui seraient donc assimilables à un secours militaire et seraient susceptibles d’être pris à partie par la Russie. 

D’un point de vue politique, Zelensky a tort. Netanyahou a subi la même pression de son allié américain sous la présidence Biden, même si les mots aigres n’ont jamais passé les portes capitonnées des réunions internes. Le Premier ministre israélien a serré les dents, et attendu. 

La lucidité oblige à reconnaître que l’Ukraine ne gagnera pas cette guerre, et encore moins avec Trump contre elle. L’Europe doit donc se débrouiller pour que la paix négociée aille dans le sens de ses intérêts. Nous avons besoin de calmer le jeu avec la Russie, de sauver la viabilité de l’Ukraine et de nous assurer que ce sera la paix, et pas, pour plagier Clemenceau, « un armistice pour 20 ans ». 

Voilà pourquoi nous devrions accepter le principe d’annexion des terres ukrainiennes occupées, moyennant un référendum des peuples concernés dont l’Europe pourrait se porter garante. L’Ukraine devrait adopter un statut de neutralité armée, sur le modèle suisse, et des troupes européennes devraient être déployées aux frontières pour 10 ans. Comme disait cruellement Kagan : « Les Américains font la cuisine, les Européens font la vaisselle ». Dans cette affaire, nous ne sommes pas le bon mais bien la bonne, entre la brute et le truand. 

En conclusion, Il faut que la sérénité revienne. Ensuite, la France aura une carte à jouer à condition de mettre de l’ordre dans ses finances et de concevoir l’Europe comme un moyen et non comme une fin.


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TRIBUNE – Ukraine : Yalta, Munich ou Berlin ? 

Par Julien Aubert

Tribune parue sur Le Diplomate Media : https://lediplomate.media/2025/02/ukraine-yalta-munich-berlin/julien/monde/russie-et-ukraine/

Les États-Unis et la Russie ont donc décidé de négocier le sort de l’Ukraine en tête à tête. C’est moralement révoltant, juridiquement illégal, mais géopolitiquement révélateur. 

Beaucoup d’analystes croient par conséquent revivre le partage de Yalta, comme par exemple Pierre Haski dans Le Nouvel Obs ou Patrick Forestier dans le Telegramme. En effet, en 1945, les futurs vainqueurs de la guerre s’étaient réunis pour tracer les contours du nouveau système international et les frontières de l’Europe, alors que l’Allemagne nazie s’apprêtait à être vaincue. On se souvient que c’est sur une nappe de papier que Staline et Churchill décidèrent du partage de l’Europe de l’Est, les occidentaux s’illusionnant sur la promesse d’installation de démocraties « populaires ». 

La comparaison ne va cependant pas très loin. À Yalta, chaque puissance avait des objectifs de nature très différentes : l’Amérique cherchait à arracher à Staline la promesse d’une participation au système des Nations-Unies. La Russie, elle, voulait qu’on reconnaisse son glacis. Yalta a tenu plus du troc entre vision idéaliste et vision réaliste qu’une négociation. 

Trump n’a aucune volonté de construction d’un ordre nouveau, juste la volonté de se débarrasser d’un problème coûteux. Sa logique court-termiste le conduit simplement à déconstruire le système rooseveltien. 

Voilà pourquoi d’autres analystes agitent plutôt le spectre des accords de Munich, comme le fait Jérôme Pellistrandi dans la revue de La Défense nationale : « Février 2025 évoque Munich 1938, où les Européens cédèrent à Hitler. ». Zelensky est comparé au malheureux président tchèque Edvard Benes.

Il vaudrait mieux agiter le spectre du pacte Molotov-Ribbentrop, signé à Moscou. Deux puissances révisionnistes, profondément ennemies sur le fond, se réuniraient dans le dos de l’Europe pour se partager un pays souverain. L’Ukraine serait devenue ainsi la Pologne moderne.

Munich ou Moscou, le tableau cadre déjà un peu plus. Trump, en réclamant l’annexion du Groënland ou du Canada, fait penser aux rhétoriques d’espace vital ou d’Anschluss qui avaient cours dans les années 30 en Allemagne ou au Japon. Néanmoins, la comparaison s’arrête là. Il n’y a aucune idéologie racialiste dans l’analyse de Trump : il ne s’agit pas de réunir tout le peuple anglophone ou anglo-américain. Sa logique est purement mercantile, c’est à dire qu’il utilise ses excès pour obtenir des concessions des pays concernés. 

Poutine, pour sa part, se situe dans la droite ligne d’une pensée russe qui a toujours associé la conquête de l’espace à la puissance et à la sécurité. Cependant, il n’est pas comme Staline dans une stratégie défensive mais impériale. 

Voilà pourquoi, il conviendrait mieux de désintoxiquer l’analyse des comparaisons idéologiques et de regarder un précédent historique plus neutre : la conférence de Berlin de 1885. Réunie pour fixer le sort du Congo, convoité par la France et la Belgique, cette conférence va servir de prétexte â un partage colonial du continent africain. Quatorze puissances participent à l’invitation de l’Allemagne à une conférence destinée à fixer les règles d’installation coloniale en Afrique. Les peuples et les rois africains sont évidemment tenus à l’écart de toutes les discussions.

Exactement comme l’Europe peste de ne pas être conviée aux négociations russo-américaines de partage de l’Ukraine et plus si affinités. Il faut juste y voir la reconnaissance d’un déclin lent qui ravale les puissances européennes au rang de rois locaux.  Le problème est que les nations européennes, excepté la France – et encore – ont intériorisé cette soumission volontaire. Ils ont une mentalité de colonisés. 

La décolonisation européenne débutera donc par une prise de conscience de ce piège mental dans lequel les dirigeants européens se sont enfermés depuis 1990. En claquant la porte de l’OTAN par exemple. 


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Synthèse Grand débat à Caromb sur la fiscalité et les dépenses publiques

Compte-rendu du Grand débat Oser la France à Caromb Fiscalité et dépense publique :
« Impôts, taxes et dépenses publiques, que proposez-vous ? »

Le constat

Au regard de la problématique fiscale, il ressort des échanges un phénomène de « ras-le-bol fiscal », un refus de consentir à la création d’un nouvel impôt ou encore, à la hausse de ce dernier. Le sentiment d’injustice fiscale semble faire l’unanimité des participants à ce débat.

Réclamations

  • –  Une baisse des impôts et des taxes plus précisément sur la TVA des produits de première nécessité.
  • –  Augmentation des impôts et taxes sur les hauts revenus à travers le rétablissement de l’impôt de solidarité sur la fortune et la création d’une tranche supplémentaire sur l’impôt sur le revenu.
  • –  Un traitement fiscal plus strict des GAFAM.
  • –  Baisse des dépenses publiques à travers une diminution notoire du train de vie del’État qui pourrait se caractériser par la suppression de certains avantages liés à laretraite des hauts fonctionnaires et chefs d’État.
  • –  Rationalisation des budgets des collectivités territoriales et baisse des effectifs, tropde fonctionnaires profiteraient d’un système devenu obsolète
  • –  A contrario une augmentation des budgets dans différents domaines tels que la santé,l’éducation, la recherche, la sécurité et la défense. Dans le domaine social, la mise en place de certains dispositifs seraient consacrés aux personnes en situation de handicap ou en fin de vie.
  • –  Une gestion plus transparente des dépenses publiques

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