Dans un « livret tricolore » à paraître vendredi 16 novembre intitulé « Tout refuser aux musulmans comme Nation, tout leur accorder comme citoyens », Julien Aubert, député de Vaucluse, dévoile les propositions de son mouvement Oser la France sur l’islam. Ce livret de 60 pages est le produit d’un an de réflexion d’un groupe de travail qu’a mené Julien Aubert notamment composé de hauts-fonctionnaires, d’acteurs du monde associatif, d’islamologues, de chercheurs et de professeurs. Ce groupe a auditionné également des grands témoins du débat public, personnalités engagées dans la réflexion sur l’Islam, sur la laïcité ou sur le dialogue inter-religieux.
Ce livret choisit d’analyser l’islam comme un fait social en 3 dimensions : religieuse, culturelle et politique.
Oser la France a souhaité dépassionner le débat sur l’islam dans une recherche permanente de l’équilibre suivant :
§ Humanisme mais enracinement
§ Respect de toutes les religions mais affirmation de notre identité
§ Equité plutôt que égalité
§ Liberté individuelle de croire mais assimilation au collectif nation
Oser la France s’inscrit dans une démarche tout à fait inédite sur plusieurs sujets emblématiques :
La loi de 1905 : Son adaptation est nécessaire tout simplement parce qu’elle a 113 ans ! Il faut donc la compléter par un texte spécifique traitant du culte musulman (qui n’existait pas en 1905 et qui est très différent du culte catholique, objet de la loi initiale). Il faut bien sûr réaffirmer que l’Etat n’a pas vocation à organiser le culte.
Le voile : Un équilibre rationnel entre sphère publique (interdiction du port), sphère intermédiaire / entreprises privées (principal général d’interdiction sauf dérogation du règlement intérieur) et la sphère civile (principe général d’autorisation).
Un équilibre tricolore ?
BLEU :
Oser la France assume une préférence culturelle (culture française d’origine judéo-chrétienne et greco-latine). A ce titre il convient d’être vigilent vis-à-vis de certains partisans (extrêmes) de la laïcité qui souhaiteraient étendre la « neutralité religieuse » à toute la société. Pour faire simple, Oser la France différencie le culte (libertés individuelles) de la culture (traditions et socle collectif).
BLANC :
Une organisation équilibrée du culte musulman implique, tout d’abord, la reconnaissance du pluralisme des Islams. Oser la France milite pour une formation du clergé musulman de manière à le sensibiliser aux principes républicains.
En terme de financement, nous souhaitons mettre fin à l’hypocrisie et, là encore, adopter une approche équilibrée. L’ Etat ne finance pas, les puissances étrangères ne financent évidemment pas (ce qui n’est pas le cas aujourd’hui) et les communes ne sont plus autorisées à financer, tout simplement pour mettre fin à un clientélisme électoral douteux. En revanche, il convient d’adapter la loi de 1905 pour permettre certaines dépenses d’intérêt général (mise aux normes par exemple).
ROUGE :
Tout ennemi de la nation doit être combattu sans complaisance. C’est évidemment le cas des Islamo-gauchistes et bien évidemment encore plus de tous les apprentis terroristes. En la matière le principe est simple : « A circonstance exceptionnelle : Droit particulier ».
Julien Aubert espère que ces propositions permettront de créer un débat au sein des Républicains. « Notre approche est équilibrée. Nous proposons par exemple un financement public pour les mises aux normes des mosquée. Mais la défense du lien national ne doit pas être réservée à l’extrême droite », a-t-il déclaré hier dans le Parisien.
Tribune. 60 ans après les débuts de la Ve République, Julien Aubert, président d’Oser la France et député (Les Républicains) du Vaucluse, signe avec 21 autres élus une tribune appelant à revenir aux principes originels de la constitution : mandat long pour le président de la République, indépendance forte du Parlement, meilleur encadrement des différents pouvoirs.
La Vème République a soixante ans et gagné le pari de la stabilité tant espérée par le Général de Gaulle le 16 juin 1946, à Bayeux. Celui-ci avait expliqué que si la grande œuvre de restauration de l’Etat engagée à la Libération avait été « réalisée en dehors du cadre antérieur de nos institutions, c’est parce que celles-ci n’avaient pas répondu aux nécessités nationales et qu’elles avaient, d’elles-mêmes, abdiqué dans la tourmente. » Plus qu’une constitution théoriquement idéale, il nous fallait des institutions faites pour durer. Celles de la Vème république auront traversé la décolonisation, des conflits armés, les alternances politiques, des conflits sociaux, des chocs économiques, des mutations profondes de l’organisation du territoire et bien entendu le défi terroriste.
Le secret de cette résilience, face aux tourbillons des circonstances, est à rechercher dans un subtil dosage constitutionnel. Pour le général de Gaulle, la France est éternelle. La République qu’il appelait de ses vœux devait faire la synthèse entre les vertus de la volonté monarchique, qui avait bâti la France, et celles de la démocratie et du débat parlementaires, filles de la Révolution et de la République. Cette constitution, contrairement aux attaques mitterrandiennes dont elle fut la cible à ses prémisses, fut donc avant tout un texte d’équilibre, parachevé en 1962 avec l’élection au suffrage universel du Président de la République. Les experts qui travaillent avec Michel Debré, René Capitant et Yves Guéna partirent des projets de réforme de la IIIème République, depuis 1920, de gauche comme de droite, destinés à renforcer le rôle de l’exécutif. La constitution, si elle redonne sa place à l’exécutif ne renie pas pour autant le caractère parlementaire du régime. On parlera de « régime semi-présidentiel » pour désigner cette constitution que Pompidou caractérisera ainsi « Notre système, précisément parce qu’il est bâtard, est peut-être plus souple qu’un système logique. Les corniauds sont souvent un peu plus intelligents que les chiens de race ».
Les circonstances de la création de la Vème République ont malheureusement été trop rapidement oubliées et “l’air du temps” a pris le pas sur le « fond des choses ». Oublieux de la philosophie des origines, les successeurs du Général de Gaulle ont déséquilibré par des réformes hasardeuses le régime établi en 1958. Paradoxalement, les réformes successives, loin de renforcer la clé de voûte présidentielle l’ont affaibli. Le Président de la République est surexposé, tandis que le Parlement est devenu une cage vide.
La suppression du septennat a eu pour effet pervers d’aligner le temps long du président sur le temps plus court du Parlement. Ajoutons à cela l’inversion du calendrier des élections présidentielles et législatives, le Président de la République est devenu au fil du temps une sorte de « super Premier ministre ». Il s’agissait, pour les promoteurs du quinquennat, d’éviter la cohabitation. Au final, les Français ont exprimé leur désaveu par d’autres moyens, notamment aux élections locales, introduisant une cohabitation verticale entre Paris et « les territoires ». La réduction excessive du cumul des mandats est ensuite venue amplifier cette divergence entre la politique nationale et la politique locale, avec la constitution de deux classes politiques évoluant dans des univers étanches. Deux mondes se font face : un fortement clivé sur des enjeux nationaux, dominés par les partis, et, notamment, pour les parlementaires élus après la réforme, méconnaissant les réalités locales, et un autre, obnubilé par des enjeux locaux où les approches partisanes seront moindres. Cette opposition, sur fond de vraie-fausse décentralisation et de mise sous tutelle budgétaire des collectivités risque de conduire inéluctablement à une demande de transformation de la République en Etat fédéral, surtout avec des expérimentations pour les territoires bien portants ou bien représentés au Gouvernement. A l’Assemblée nationale, la perte de compétence en 2017 a au surplus terriblement affaibli le Parlement déséquilibrant ainsi les institutions au profit, cette fois-ci, de l’exécutif.
Enfin l’autorité judiciaire aspire à devenir un pouvoir. Le rôle pris par le Conseil constitutionnel, et à travers lui la jurisprudence européenne, consacre l’avènement du fameux « gouvernement des juges » dont la légitimité démocratique est inexistante. Rappelons que sitôt de Gaulle disparu, le Conseil constitutionnel s’est arrogé, dans sa célèbre décision Liberté d’association du 16 juillet 1971, des compétences juridictionnelles dont il ne disposait pas, le Général de Gaulle l’ayant cantonné initialement à une mission de « régulation du fonctionnement des pouvoirs publics ». Il a alors pu prendre le pas sur le Parlement. Or, en France, il ne saurait y avoir qu’une cour suprême : le Peuple souverain.
Il y a donc urgence à restaurer notre patrimoine constitutionnel, sur fond de confusion des rôles. On ne peut pas avoir des juges indépendants qui font la loi, via des jurisprudences extensives, à la place du Parlement ; un Parlement aux ordres qui, faute d’assurer son rôle initial, empiète sur les plates-bandes judiciaires en multipliant les commissions d’enquêtes, et au-dessus un Président tout-puissant, mais finalement emmuré dans ses certitudes et très solitaire.
Il faut allonger le mandat présidentiel pour redonner du temps au Président de la République, et l’extraire du rythme effréné des réseaux sociaux et des chaînes d’information continue. Lui redonner du temps, c’est aussi le distinguer du rôle de « Super Premier ministre » qu’il a pris depuis 15 ans et donc le préserver des éclaboussures de l’écume des jours.
Il convient de redonner de l’indépendance au Parlement par rapport aux juges qu’ils soient français ou européens, en rétablissant la capacité de la loi souveraine à primer sur le droit dérivé antérieur. Le législateur représente le peuple souverain.
Il faut enfin encadrer les cohabitations potentielles en répartissant précisément la limite des compétences de chacune des têtes de l’Exécutif, mais ne pas nécessairement vouloir les éviter. Pourquoi s’obstiner à l’interdire ?Certains veulent une VIème République, qui n’est bien souvent qu’une « resucée » de la IVème République, c’est-à-dire un régime d’assemblée. D’autres, comme Emmanuel Macron cherche à reproduire le système constitutionnel américain, en oubliant sa nature profondément fédérale. Ces voies sont des impasses : la Constitution n’est pas un objet à obsolescence programmée, mais un patrimoine évolutif. Elle doit être protégée des modes médiatiques ou idéologiques. Notre histoire nationale nous a appris que l’histoire est tragique. Il est temps d’avoir le courage de proposer aux Français de revenir sur les expériences institutionnelles hasardeuses qui ont lentement miné son efficacité. Soyons gaullistes : la Vème République est le meilleur régime pour faire face aux périls de l’histoire que la Nation ne manquera pas d’affronter dans les années et décennies à venir.
Tribune écrite par Julien Aubert, député de Vaucluse, président d’Oser la France, et cosignée par Thibault Bazin, député de Meurthe-et-Moselle, vice-président d’Oser la France ; Bernard Brochand, député des Alpes-Maritimes ; Jean-François Parigi, député de Seine-et-Marne et vice-président d’Oser la France ; Patrice Verchère, député du Rhône et vice-président d’Oser la France ; Stéphane Viry, député des Vosges et vice-président d’Oser la France ; René Danesi, sénateur du Haut-Rhin ; Bernard Fournier, sénateur de la Loire ; Philippe Pemezec, sénateur des Hauts-de-Seine ; René-Paul Savary, sénateur de la Marne ; Jean-Philippe Mallé, ancien député PS et vice-président d’Oser la France ; Stéphane de Sallier Dupin, conseiller régional de Bretagne ; Thierry Hory, conseiller régional du Grand Est et maire de Marly ; Stéphane Sauvageon, conseiller régional de Provence-Alpes-Côte D’Azur ; Christiane Pujol, conseillère départementale des Bouches-du-Rhône ; Olivier Arsac, adjoint au maire de Toulouse en charge de la sécurité et conseiller métropolitain de Toulouse Métropole ; Gurval Guiguen, conseiller municipal et métropolitain de Rennes ; Jean-Claude Castel, conseiller départemental des Alpes-de-Haute-Provence et maire de Corbières ; Pierre Laget, adjoint au maire des 11ème & 12ème arrondissements de Marseille chargé des Finances ; Jean-Louis Ghiglione, adjoint au maire de Chatenay-Malabry ; Jérôme Besnard, conseiller municipal de Mont-Saint-Aignan.
TRIBUNE. Osez la France pour une défense nationale
Les députés LR Julien Aubert, Thibault Bazin et Patrice Verchère s’alarment des menaces sur l’indépendance de notre industrie de l’armement.
Néanmoins, derrière la communication présidentielle, les chiffres sont têtus. Cette augmentation est à nuancer par la « clause de revoyure » prévue en 2021 qui déterminera les annuités 2024 et 2025. La loi de programmation militaire est en réalité une loi d’intention politique dont la trajectoire devra être confirmée par chaque loi de finances. Des doutes sérieux existent concernant la soutenabilité des hausses annuelles de 3 milliards chaque année à compter de 2023.
Elle n’est ainsi certainement pas à la hauteur des défis en matière de recrutement, en particulier dans le domaine de la cyberdéfense : l’essentiel des 6 000 postes supplémentaires que la LPM prévoit sont reportés en seconde partie de la programmation soit 1 500 en 2023, 1 500 en 2024 et 1 500 en 2025. Ces reports ne permettront pas à la France de rivaliser avec la Bundeswehr allemande qui s’est dotée d’une « cyberarmée » de 14 000 experts…
Surtout, derrière la LPM se trouve l’enjeu industriel. La programmation repose en effet sur l’hypothèse de coopérations capacitaires dans le cadre de l’Otan ou de l’Union européenne. Or, notre intérêt vital réside dans la préservation au niveau national d’une base industrielle et technologique de défense forte, apte à répondre aux exigences technologiques et opérationnelles des futurs systèmes d’armes et équipements de défense. Nous appelons de ce point de vue ci à revisiter la stratégie industrielle de la Défense nationale. La question du partage des technologies doit être examinée avec une grande attention tout comme la garantie de la préservation de notre autonomie industrielle. En effet, le mythe des « Airbusindustriels » et l’idéologie de la « taille critique » scandée depuis des années par une élite économique déconnectée des intérêts vitaux et souverains ont fait de nombreux dégâts.
Les exemples sont nombreux. On pourrait citer la vente de la division énergie d’Alstomqui représente 70 % de l’entreprise, à son concurrent américain General Electric, véritable opération manipulée, ou bien l’opération capitalistique de sa branche ferroviaire qui est tellement favorable à Siemens que ce n’est pas un groupe européen qui va être créé, mais un groupe très majoritairement allemand.
« Il ne suffit pas de mythifier et multiplier les coopérations européennes pour produire une industrie crédible »
De même, la volonté affirmée par le gouvernement français de rapprocher le constructeur français Naval Group (ex-DCNS, NDLR)de l’italien Fincantieri conduira à une disparition progressive de l’opérateur français le plus stratégique pour la marine française. Comment gérerions-nous un possible déplacement en Italie de la construction de sous-marins et les difficultés à prévoir pour la maintenance des navires français qui serait à partager avec la flotte italienne ? Le président de Fincantieri, Giuseppe Bono, revendique le leadership commercial en Amérique latine où Naval Group est le mieux implanté. L’attitude italienne provoque le trouble au sein de certains États clients de la France comme le Brésil, qui a choisi le groupe tricolore pour renouveler sa flotte sous-marine.
Le sujet de la souveraineté militaire ne se limite pas aux seuls grands groupes : la PME française HGH Systèmes Infrarouges, qui développe et commercialise des systèmes de pointe en optroniques permettant de surveiller des sites sensibles, est susceptible de passer sous pavillon américain depuis que le fonds d’investissement Carlyle Europe Technology Partners III a annoncé être entré en négociations exclusives avec la société française en vue d’acquérir une participation majoritaire à son capital. Pourquoi le gouvernement ne réagit-il pas à cette situation ?
Il ne suffit pas de mythifier et multiplier les coopérations européennes pour produire une industrie crédible. Prenons l’exemple du très ambitieux et stratégique programme Scaf (système de combat aérien du futur) voulu par la France et conçu comme un système complet associant un avion de combat de nouvelle génération, des drones d’attaque ainsi que des futurs missiles de croisière. Le drone devrait se réaliser dans le cadre d’une coopération franco-britannique que le Brexit affaiblit. Que devient le projet de drone MALE européen dans ce contexte ? Malgré la déclaration d’intention prise par la France, l’Espagne, l’Italie et l’Allemagne en mai 2015, le projet de drone MALE européen a pris du retard et ne devrait être opérationnel qu’à l’horizon 2025. Un partenariat franco-allemand est envisagé pour ce qui concerne l’avion de chasse dernière génération, mais l’Allemagne n’a pas les compétences pour produire un avion de combat et nos cultures stratégiques et nos règles d’engagement sont fondamentalement différentes, ce qui rend complexe cette alliance industrielle.
« Nous souhaitons la création d’un Office national de contrôle et d’évaluation stratégique des industries de défense »
D’ailleurs, ne soyons pas dupes. La remontée en puissance militaire de l’Allemagne (37 milliards d’euros de budget cette année), dont l’activisme en matière d’exportations de sous-marins est directement concurrentiel pour nos industries, tout comme l’export de ses matériels roulants, pose la question de savoir si la coopération avec ce pays sur le plan industriel peut être équilibrée. À ceux qui répètent que l’avenir passe forcément par l’Europe, on peut opposer quelques chiffres. Les principaux clients de la France en matière d’exportation d’armes sont extra-européens. L’exemple le plus parlant est celui de la vente des avions Rafale de Dassault : seuls la France, l’Égypte, le Qatar et l’Inde s’équipent en Rafale français, alors que la plupart de nos voisins européens préfèrent s’équiper en F-16 et F-35 américains. Alors que la chancelière allemande a répété à deux reprises que les États-Unis n’étaient plus à même d’assurer notre protection, Emmanuel Macron est resté silencieux. Et pourtant là est l’enjeu : quid du devenir de l’Otan ?
C’est pourquoi nous formulons dès maintenant une proposition afin de garantir le maintien de notre base industrielle et technologique de défense et son autonomie stratégique. Nous souhaitons la création d’un Office national de contrôle et d’évaluation stratégique des industries de défense, composé des Ppésidents et de membres des commissions de la Défense et des Forces armées des deux chambres ainsi que d’experts reconnus en la matière. Cette commission aura pour rôle de donner une autorisation en amont de toute opération financière susceptible d’exposer une entreprise française de ce secteur-clé. Rapidement, nous nous rendrons compte que ces réponses ne peuvent être envisagées que dans le cadre national ou par le biais de délégations d’autorités préservées par un maintien de souveraineté. Sur chacun de ces sujets et sur chacune de ces questions, l’intérêt de la France exige des réponses claires de la part du gouvernement et du président de la République. Il en va de notre sécurité et de notre avenir, si l’on veut demeurer une grande puissance libre.
Tribune coécrite par :
– Julien Aubert, député de Vaucluse, président d’Oser la France
– Thibault Bazin, député de Meurthe-et-Moselle, vice-président d’Oser la France
– Patrice Verchère, député du Rhône et vice-président d’Oser la France.
Et cosignée par :
– Bernard Brochand, député des Alpes-Maritimes
– Jean-François Parigi, député de Seine-et-Marne et vice-président d’Oser la France – Bérengère Poletti, députée des Ardennes et vice-présidente d’Oser la France – Stéphane Viry, député des Vosges et vice-président d’Oser la France
– René Danesi, sénateur du Haut-Rhin
– Alain Dufaut, sénateur de Vaucluse
– Bernard Fournier, sénateur de la Loire
– René-Paul Savary, sénateur de la Marne -Jean-Philippe Mallé, ancien député PS et vice-président d’Oser la France
– Jacques Myard, ancien député LR et maire de Maison-Laffite
– Stéphane de Sallier Dupin, conseiller régional de Bretagne
– Stéphane Sauvageon, conseiller régional de Provence-Alpes-Côte D’Azur
– Thierry Hory, conseiller régional du Grand Est et maire de Marly
– Marie-Hélène Herry, maire de Saint-Malo-de-Beignon et conseillère départemental du Morbihan – Christiane Pujol, conseillère départementale des Bouches-du-Rhône
– Olivier Arsac, adjoint au maire de Toulouse en charge de la sécurité et conseiller métropolitain de Toulouse Métropole
– Gurval Guiguen, conseiller municipal et métropolitain de Rennes
– Jean-Claude Castel, conseiller départemental des Alpes-de-Haute-Provence et maire de Corbières
– Alexandre Rassaërt, maire LR de Gisors et conseiller départemental de l’Eure
– Pierre Laget, adjoint au maire des 11e et 12e arrondissements de Marseille chargé des finances
– Jean-Louis Ghiglione, adjoint au maire de Chatenay-Malabry
– Nicolas Leblanc, adjoint au maire de Maubeuge
– Jérôme Besnard, conseiller municipal de Mont-Saint-Aignan.
Message de Julien Aubert, président d’Oser la France, de ce jour :
“Il y a trois ans disparaissait un grand gaulliste, Charles Pasqua, défendeur de l’Europe des Nations. Les héritiers de Pasqua et Seguin sont toujours là !”
Plus d’un an après l’élection d’Emmanuel Macron, la disposition des forces politiques n’a pas gagné en précision. Les veilles factions n’en finissent pas de mourir ; les nouvelles peinent à naître. Encore que la politique d’Emmanuel Macron sorte un peu du flou en naviguant insensiblement vers le centre-droit, les règles du jeu demeurent sur bien des points virtuelles. Les Républicains défaits, le Front National discrédité, d’aucuns appellent à sortir des sables mouvants et à profiter de l’incertitude générale pour prendre les devants: réaliser l’union des droites voulue par la base depuis des années en dépassant les divisions factices des partis. La manœuvre est à grands traits assez simple: laisser le centre-droit parasite au Président et réconcilier les conservateurs des Républicains avec le Front National sur la base d’une lutte contre l’immigration pour restaurer l’identité française. Les autres questions – l’Europe, la politique étrangère ou encore l’économie – restent secondaires ou déterminées par cet objectif. Enfin, la désunion serait artificiellement maintenue par le surmoi de gauche qu’imposeraient les nouveaux clercs – journalistes, magistrats, artistes, intellectuels -, renforcés par l’étau mitterrandien «Sos Racisme ou Front National».
Défauts d’analyse
Cette perspective stratégique n’est à un certain niveau pas totalement dépourvue de clairvoyance. Il est évident que l’aile juppéiste des Républicains se trouve bien de la politique menée par le gouvernement Philippe. De toute évidence la distinction de ce centre-droit avec La République en Marche s’explique en dernier ressort par de picrocholines querelles d’appareils et d’obscures stratégies individuelles. Et de l’autre côté, il existe bien une droite identitaire mettant au cœur de ses préoccupations la défense des mœurs françaises.
Le bat de l’analyse blesse néanmoins selon nous en ce que la cartographie des droites contemporaines qu’induit cette stratégie nous paraît grossièrement tracée. En vérité, elle se pense selon un triptyque, un peu similaire à celui établit par René Rémond, plutôt que comme un vis-à-vis entre le centre et la droite.
Commençons par déchirer le voile rhétorique du parti présidentiel dans ses prétentions à transcender le clivage gauche-droite. La volonté de soulager la liberté d’entreprendre des pesanteurs juridiques, de renouveler les anciennes classes politiques par les tenants des secteurs nouveaux de l’économie, le primat de la raison modératrice, l’affirmation renouvelée du pragmatisme, ainsi que la neutralité axiologique sur les questions de société, gages du reste d’une redoutable plasticité, font d’Emmanuel Macron un héritier de la droite orléane pour qui les conflits politiques doivent être dépassés par la raison économique et la compétence technique. Son discours de modernité et d’audace lui est permis en ce qu’il s’appuie sur le capital mobile et les entreprises détteriorialisables, en demi-rupture avec le capitalisme «à la papa» incarnée alors par François Fillon, résidant quant à lui sur les revenus réguliers issus de biens et des industries immeubles, sécrétant logiquement un certain nombre de valeurs conservatrices – la famille, la terre, la prudence, l’obéissance – liées aux structures patrimoniales. Ces deux aspects du capital restent par ailleurs solidaires. Promettre «en même temps» la sécurité et la liberté, subterfuge langagier plutôt que véritable pensée dialectique la plupart du temps, s’applique en revanche étonnamment bien pour couler en un même lit ces deux eaux du capital, permettant sans grands frais à Emmanuel Macron de s’aventurer en terre conservatrice.
Cette droite économique, à son corps défendant la plupart du temps, est donc la première composante dans la géographie politique, et domine au fond le camp conservateur.
La seconde droite est ce qu’on nous appellerions, par souci de ne pas porter à ce point de l’analyse de jugement de valeurs, plutôt qu’extrême-droite, droite culturelle, parce qu’elle met au cœur de son combat politique la défense d’objets culturels constitutifs à leur yeux de l’anthropologie française ou européenne – la religion, la famille, la manière de vivre, la culture élitaire. Le Front National et ses pseudopodes en sont les principaux représentants, dont l’adversaire fédérateur demeure depuis 1972 l’immigration non-européenne et les mutations culturelles subséquentes sur la société française, au premier chef la religion musulmane.
Soulignons qu’en dehors de l’unanimité sur ces questions migratoires, cette droite culturelle est en proie à maintes querelles concernant les autres problématiques. La laïcité, la place de la France dans l’Europe, le libéralisme économique, la place de la région, le domaine de l’État, la politique étrangère, la mémoire collective et, plus largement, le rapport à l’Histoire de France demeurent en son sein de tenaces pommes de discorde. Le composite attelage du Front National en témoigne, qui rassemblait jadis nostalgiques de Vichy et anciens résistants, néo-païens et catholiques traditionalistes, partisans de l’Europe chrétienne intégrée et défenseurs de l’autonomie française, qui sur vingt ans est passé sur le plan économique du reaganisme à l’interventionnisme pour en revenir depuis l’an passé à un entre-deux confus.
On pourrait croire que c’est par défaut de jugement que les unionistes jettent un pudique manteau de Noé sur la question socio-économique. Hormis quelques déclarations de Nicolas Dupont-Aignan, on n’entend guère les autres tenants de la renaissance de la droite – Laurent Wauquiez et Marion Maréchal principalement – s’opposer fondamentalement à la politique économique du gouvernement. À la vérité, rien de plus logique à cela: l’analyse michéenne se révèle une fois de plus d’une acuité impeccable. De même que la nouvelle gauche confond avec d’autant plus d’aplomb le parti des ombres qu’elle-même respecte admirablement les tables de la loi du laissez-faire économique, le conservatisme français n’a jamais été qu’un libéralisme patiné par endroits d’un inoffensif conservatisme qu’Emmanuel Macron, habile communicant qu’il est, saura parfaitement investir si nécéssaire. La droite conservatrice demeure avant tout libérale, et marchande ses prétendues valeurs morales à qui veut bien l’élire. Pour preuve, la politique économique du Président poursuit celle menée par Nicolas Sarkozy, qui n’avait quelques jours avant son élection pas de mots assez durs pour flétrir l’étiolement moral qu’avait introduit la pensée 68 en France. Déjà en remontant les vingt dernières années, les bravades oratoires du RPR et de l’UMP en matière d’immigration, de conservatisme moral ou encore de primauté des intérêts français sur les intérêts européens n’ont pas été suivis d’effets lors des douze années où le parti tenait les principales institutions du pays. De toute évidence, les prises de position actuelles – et au premier chef de celles de Laurent Wauquiez – sont davantage le fruit d’une volonté de différenciation vis-à-vis du Président de la République que d’une vision politique claire des enjeux contemporains. On serait d’ailleurs bien en peine de nommer, à quelques électrons libres près, les fractures foncières qui démarqueraient le groupe La République en Marche des Républicains, tout droitiers qu’ils se présentent, au sein du Parlement.
L’union de cette droite culturelle avec la droite économique, qui bénéficie du rapport de force politique, nous semble en second lieu improbable du point de vue sociologique. Pour un électeur gagné à droite par un discours identitaire, c’est a minima un électeur perdu au centre en plus du risque de se voir exclu du cercle de la respectabilité et des lieux de pouvoir pour les classes supérieures. De plus, comme le montre le report de voix très majoritaire des électeurs de François Fillion sur Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle, un électeur libéral, encore que sensible aux thématiques culturelles, préférera la sécurité économique de la République du centre aux outrances verbales d’un Laurent Wauquiez et aux tête-à-queue du Front National sur les questions monétaires. L’argument vaut aussi bien pour l’électorat catholique, à partir duquel Marion Maréchal semble vouloir forger son tremplin. À en croire l’étude IFOP du 7 mai 2017 pour Pelerin/La Croix, 62% des catholiques (dont 71% des pratiquants réguliers) auraient voté pour Emmanuel Macron contre Marine le Pen au second tour des dernières élections présidentielles. Vouloir par conséquent faire de l’identité catholique un porte-drapeau, c’est ne pas prendre acte de la rupture de la doctrine ecclésiale dont le concile de Vatican II fut l’aboutissement. Le ralliement à la démocratie libérale, le refus de la politisation du sentiment religieux, la stratégie de laïcisation du message chrétien, la défense de la personne humaine – axiome de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme – sont autant de principes qui ont informé les consciences catholiques jusqu’à leur faire préférer la culture du consensus et de la modération aux formations ouvertement et radicalement clivantes.
En troisième lieu, en vis-à-vis de ses deux consœurs, les reliquats de la pensée gaullienne, encore que peu représentée au sein des assemblées, nous semble constituer la dernière pièce de la tripartition, nous apparaît constituer ce que nous appellerions «droite politique» au sens fort. Toujours vivace par la sensibilité d’une partie de la population à l’indépendance de la France vis-à-vis de l’Union européenne, électorat soucieux d’un État interventionniste se dressant contre la division naturelle de la société française, partisan d’une politique internationale active en faveur d’un équilibre des puissances – une partie de la population en somme acquise à la centralité de la question des institutions et de la communauté politique, leviers de la conciliation sociale à l’intérieur et de la puissance à l’extérieur. Plus républicaine que libérale, elle préconise le recours direct et régulier au peuple, compris comme ensemble du corps social, pour vivifier la vie civile et contrer l’ossification naturelle des institutions. Cette perspective de la pratique de la politique l’emmène d’ailleurs à la rapprocher d’une certaine partie de la gauche contractualiste, élément qui, pour mémoire, était déjà fort reproché au Général de Gaulle en son temps par les droites tixiériste et pompidolienne. L’idée que la France ne peut exister que comme geste historique et politique, unifié par l’action de l’État, l’obligeant à refuser la division du peuple par les factions, qu’elles soient politiques, sociales ou culturelles, la met en délicatesse avec les partisans de la régénération culturelle de la nation. Son souci d’originer la légitimité démocratique dans la volonté générale plutôt que la raison publique, ainsi que sa critique fondamentale des institutions européennes et des inféodations transatlantiques lui mettent à dos le centre-droit libéral.
Aussi les vaticinations de la droite «qui s’assume», sans qu’on sache vraiment quelles sont ses zones à défendre si ce n’est une résistance au miroir de la gauche – dans laquelle est incluse la majorité présidentielle – vont-elles à l’encontre des paradigmes du libéralisme et du gaullisme: l’un prétend dépasser le clivage par le gouvernement des individus moteurs de l’économie, l’autre par le recours à un peuple pensé comme mobile et pluriel, mais qui doit trouver dans la représentation institutionnelle et l’incarnation historique la sortie des divisions mortifères. Logique du consensus des intérêts ou de la communauté politique d’un côté, de l’autre, stratégie de la rupture culturelle ouverte.
Dès lors le parallèle évoqué par un Éric Zemmour ou un Nicolas Dupont-Aignan avec l’union de la gauche de 1981 nous semble défaillant, en ce qu’il fait l’économie de paramètres cruciaux. Premièrement, l’union de la gauche voulue par Mitterrand s’est faite parce que l’atmosphère culturelle était à gauche, sur le plan social et culturel, et enveloppait toutes les strates de la société, comme le gaullisme en son temps. Il existait entre les socialistes et les communistes des pans de contact idéologique d’envergure, des passerelles, de vastes espaces communs de politisation. L’endiguement des excès du système capitaliste, l’amélioration des conditions de vie, la prise en compte, amorcée par le Président Giscard d’Estaing, de l’évolution des mœurs pouvaient trouver une substance dans l’établissement de mesures concrètes, à savoir la nationalisation de certains secteurs bancaires et industriels, la cinquième semaine de congés payés, l’abolition de la peine de mort entre autres. Contrairement aux demandes diverses et contradictoires des électorats de droite aujourd’hui, il existait sur ces points une différence de degré dans les aspirations des électorats de gauche dont le programme commun de 1972 fut le point d’équilibre, non sans force discussions et querelles, soit dit en passant. Tout cela pouvait constituer un horizon de société désirable pour une majorité de citoyens, ce que la lutte contre l’immigration, seul point d’Archimède d’une possible union des droites, ne saurait être.
D’aucuns vont chercher d’autres séquences historiques encore pour trouver l’inspiration d’un rassemblement des droites. Il est vrai que l’union des droites est un vieux rêve depuis la Troisième République, et a même été tentée par deux fois.
Une première fois à la naissance de la République de 1873 au 16 mai 1877, lorsque Mac-Mahon tenait la Présidence. Les bonapartistes étaient alors désireux de mettre le petit prince à la tête de l’Empire, les légitimistes voulaient le trône pour le comte de Chambord et les orléanistes s’inquiétaient de restaurer une monarchie constitutionnelle qui freinerait les aventures d’un pouvoir républicain soumis aux vents des classes laborieuses. La morale de l’histoire: leurs idéologies étaient si hétérogènes que, malgré toutes les incantations, l’union resta de fait lettre morte, le ralliement des modérés à la République aidant.
La deuxième véritable union des droites, quoi qu’on en veuille, ce fut l’État français qui la proposa. La «dictature pluraliste» du Maréchal Pétain permit à toutes les tendances de droite d’accéder au résidu de pouvoir qui restait à la France: les néo-légitimistes maurassiens inspirant la Révolution nationale, les émules fascisantes du bonapartisme nées de la rencontre de l’anti-capitalisme et des mouvements antiparlementaires, ainsi que la technocratie planiste héritière de l’orléanisme qui put, pendant la suspension des procédures démocratiques, accomplir les restructurations administratives qu’elle désirait depuis la fin de la Grande Guerre, et qui fut d’ailleurs, faute de remplaçante, recyclée par tous les gouvernements d’après-guerre.
Le rappel historique nous apprend une chose: une synthèse des droites a toujours été un amalgame baroque et évanescent résultant d’un effondrement de l’Etat permettant un appel d’air de fractions hétérogènes qui ne se solidarisent que par la désignation d’ennemis désignés: la confédération des destructeurs supposés de la nation française. Une fois la passion essoufflée, les institutions redressées, la fragile coalescence se désagrège, et le rassemblement des droites apparaît alors comme le symptôme et la conséquence d’un affaissement national.
La renouveau de la droite malgré tout?
La perspective que nous adoptons ici va de toute évidence en défaveur d’une union des droites qui ne peut aboutir qu’a un syncrétisme éphémère et dangereux. Pour autant, tout ne nous semble pas perdu pour une certaine idée de la droite, si tant est qu’il faille absolument la relever au vu de la médiocrité de son bilan gouvernemental comme des visions de la France et du Monde qu’elle propose. Encore faut-il la définir.
La thèse d’Alain-Gérard Slama nous semble la plus pertinente, selon laquelle être de droite est avant tout une humeur, une psychologie qui se dresse contre la fragmentation du monde moderne. Définir la droite en ces termes permet de rendre compte assez finement des projets politiques de droite depuis la chute du Premier Empire. Parmi lesquels la restauration des totalités hiérarchiques comme la famille, la religion, l’État, l’Ancien Régime qui protège l’individu et le prévient contre sa propre tyrannie, l’émergence à l’issue du dialogue des intelligences d’une raison publique aussi objective que possible pour obvier aux affres des passions politiques, la cautérisation des plaies civiles par la volonté de l’État incarnant la continuité historique et la cohérence sociale. Mais aussi un certain nombre d’affects persistants: le désir irénique de réduire totalement l’abîme du social dans la fraternité nationale, le culte aveugle de la raison qui débouche sur le refus des alternatives, ou pire, la haine contre les éléments que l’on perçoit comme la cause de désagrégation culturelle. Il semble que de penser l’affect de droite comme la restauration d’une unité perdue permette de donner une cohérence conceptuelle à ces percepts et projets politiques.
Cela étant posé, quelles sont à l’heure actuelle les failles à combler, les unités à restaurer? La faille de la société française est double: l’étiolement du continuum socio-géographique sanctionné par le niveau d’étude entre les classes populaires et bourgeoises d’une part, l’absence grandissante du sentiment d’appartenance commune entre la France des banlieues et le reste de la population deuxièmement. Il y aurait des nuances à faire. Reste que les logiques électorales actuelles cherchent, au mieux, à unir deux de ces trois France contre ou malgré la troisième. Union des périèques de toutes origines contre la classe possédante qui jouit d’un jeu économique faussé pour la gauche radicale, front des populations blanches – bourgeoises conservatrices et populaires – contre l’islamisme et ses relais conscients ou objectifs pour la droite culturelle, alliance enfin des métropolitains progressistes avec les populations immigrées au sein du biotope économique désormais bien connu des métropoles mondialisées au détriment du reste du territoire – autant de stratégies ouvertes ou couvertes par voie de conséquence, du «eux» contre «nous».
Il est évident que l’idéal unanimiste – du Sacre de 1494 à la «France Résistante» – demeure pour partie une fiction. D’ailleurs, qui de raisonnable voudrait se concilier à tout prix les fanatiques religieux ou les racistes incurables qui, quoi qu’ils en aient, n’entendent pas ce qu’est l’honneur de notre pays ou encore – bien qu’on ne les mette bien entendu pas sur le même plan moral – les zélateurs cyniques de la mondialisation néolibérale dont les structures mêmes produisent la violence sociale et les divisions que nous déplorons?
Le discours d’une droite rénovée serait de faire une distinction entre un «nous» qui comprendrait toutes bonnes volontés prêtes à retisser un sentiment social et culturel de communauté politique, autour notamment des questions de souveraineté, et la désignation des ennemis qui comprend les agents de la dissolution nationale – islamistes et identitaires -, celle des adversaires à un moindre niveau, soient les superstructures économiques qui frayent la voie aux conflits civils ainsi que les cadres européens actuels qui paralysent toute action publique de redressement. Aussi la souveraineté politique doit-elle s’aborder par le détour du social, et ce de manière très précise, sur des points aussi clivants que la régulation du système bancaire, des contrôles des capitaux et des outils dont l’indépendance monétaire et juridique permettrait de se doter.
Même si, au vu de l’histoire, le phénomène bonapartiste bien compris ne prend lieu qu’au sortir d’un contexte de délitement généralisé de la nation, il ne faut pas moins jeter le pont qui nous permettra de traverser la rivière le moment venu pour éviter que la désunion sociale et culturelle n’en vienne à plonger le pays dans de douloureuses périodes.
Il nous suffira, en guise d’avertissement final à ceux qui sacrifient la lutte politique aux chimères de l’identité, de citer le discours de Phillipe Séguin du 5 mai 1992 pour savoir à quoi s’en tenir:
«On parle de l’identité lorsque l’âme est déjà en péril, lorsque l’expérience a déjà fait place à l’angoisse. On en parle lorsque les repères sont déjà perdus! La quête identitaire n’est pas une affirmation de soi. C’est le réflexe défensif de ceux qui sentent qu’ils ont déjà trop cédé. En ne nous laissant que l’identité, on ne nous concède donc pas grand-chose, en attendant de ne plus rien nous concéder du tout!».
Le projet identitaire ne peut à terme finir qu’en vaste kermesse totémique, où la contre-révolution rencontrera la société du spectacle la plus régressive, où, en compensation du pouvoir perdu, l’on produira les sèches images d’un passé fantasmé à défaut de retrouver les voies de la grandeur. Le Puy du Fou ou l’Histoire de France: la droite devra faire son choix.
« Monsieur le Président, les Bretons ont des choses à vous dire. » C’est par ces mots que quatre élus bretons gaullistes du collectif Oser la France interpellent le président de la République, à l’occasion de sa venue en Bretagne.
Demain mercredi et jeudi, Emmanuel Macron sera en visite en Bretagne, d’abord dans les Côtes-d’Armor et dans le Finistère. Avant sa venue, des élus bretons (président(e) s de la Région Bretagne, des départements bretons, des intercommunalités, et des membres de la Conférences des territoires), lui ont adressé une lettre ouverte.
“Les Bretons ont une parole singulière qu’il vous faut entendre”
Un collectif de quatre élus bretons « Oser la France » (collectif d’inspiration gaulliste lancé par le député du Vaucluse et ex-prétendant à la présidence des Républicains, Julien Aubert, pour « participer à la refondation de la droite ») lui a également écrit.
« Depuis le début de votre mandat, on retient quelques expressions phares dans votre bouche : la « start-up nation », la théorie du premier de cordée qu’il faudrait privilégier et enfin, plus récemment, le « pognon de dingue » que l’on met dans l’action sociale. Sur ces trois points, les Bretons ont une parole singulière qu’il vous faut entendre », écrivent Gurval Guiguen, conseiller municipal de Rennes, Marie-Hélène Herry, conseillère départementale du Morbihan et maire de Saint-Malo-de-Beignon, Nicolas Lormel, conseiller municipal de Lamballe, et Stéphane de Sallier-Dupin, conseiller régional de Bretagne et conseiller municipal de Lamballe.
“Votre fascination pour la nouvelle économie”
« Loin de renier l’intérêt des start-up, les Bretons sont des Français très concrets et qui craignent que votre fascination pour la nouvelle économie vous fasse oublier l’économie matérielle. Nous, Bretons, donnons plus souvent un caractère collectif aux aventures économiques, notamment à travers les belles aventures coopératives, mais aussi via les entreprises familiales ou l’expérience associative. Et si la théorie du premier de cordée est un autre nom pour celle du ruissellement, nous la refusons. Ni notre économie, ni notre territoire ne peuvent être le fruit du travail de quelques leaders économiques ou territoriaux dont bénéficierait une masse passive. Ce n’est pas comme cela que « ça marche ». En Bretagne, nous avançons ensemble, solidairement. »
Désenclavement routier, ferroviaire, aéroportuaire ou numérique
Ces quatre élus bretons disent au président de la République l’attendre « dans les domaines du désenclavement routier, ferroviaire, aéroportuaire ou numérique. Sur ces points, nous attendons des engagements”.
« Un pognon de dingue » ? Une provocation facile
Ils rappellent aussi à Emmanuel Macron que la Bretagne s’est « toujours refusée à considérer que les plus modestes, les plus pauvres, les accidentés de la vie, étaient un poids pour la société. La dénonciation du « pognon de dingue » est une provocation facile et sans doute injuste. Il est vital d’être solidaires et de lutter contre tous les décrochages, qu’ils soient sociaux ou territoriaux. »
L’article en intégralité ici : https://www.ouest-france.fr/bretagne/rennes-35000/macron-en-bretagne-des-elus-gaullistes-interpellent-le-president-5832478