Les sanctions contre la Hongrie ne peuvent conduire qu’à la fragmentation de l’Europe

Sep 12, 2018

FIGAROVOX/TRIBUNE – Suite au vote des députés européens enclenchant un processus de sanction contre la Hongrie, Julien Aubert et le collectif «Oser la France» relèvent des ambiguïtés et un manque de légitimité du parlement européen. Cette décision menace selon eux toute la construction européenne.


«Oser la France» est un laboratoire d’idées lancé en novembre 2017 par le député LR Julien Aubert et rassemblant plusieurs parlementaires et élus gaullistes, souverainistes, patriotes et républicains.


Les députés européens ont choisi d’ouvrir une crise, ce mercredi 12 septembre, en votant une résolution enclenchant la procédure dite de l’article 7 à l’encontre de la Hongrie. Constatant une menace pour l’État de droit dans le pays dirigé par Viktor Orban, les eurodéputés ont donc voté (par 448 voix pour et 197 contre et à la majorité des deux tiers des suffrages exprimés) pour lancer le long processus au terme duquel il est théoriquement possible d’exclure un Étamure de son droit de vote dans l’Union.

Nous disons «théoriquement» car, de fait, la Pologne, alliée de la Hongrie, pourra s’opposer à ce que la procédure aille à son terme. Cette affaire de sanction, présentée à tort comme un combat du Bien contre le Mal, ressemble donc davantage à de la gesticulation politique à l’approche des élections européennes qu’à autre chose ; à une instrumentalisation des «valeurs» européennes, que chacun invoque sans jamais essayer de les caractériser.

Cette procédure peut sembler juridiquement étrange: prendre une telle décision sur la base d’une «menace» et non de faits, ne peut qu’ouvrir la porte à de nombreuses interprétations, voire à des arrière-pensées. Le temps de parole consacré à la défense de Viktor Orban peut paraître également très limité au regard de l’humiliation causée.

Surtout, cette affaire révèle les ambiguïtés de la construction semi-fédérale actuelle: qu’on le souhaite ou non, Viktor Orban a été élu par le peuple hongrois. Même si certaines de ses politiques sont critiquables – notamment son attitude par rapport aux médias et aux juges – la Hongrie reste un pays souverain. La véritable question n’est pas donc de disserter sur l’État de droit en Hongrie mais de savoir qui est légitime pour sanctionner les politiques publiques d’un gouvernement élu démocratiquement d’un État souverain, tant que les décisions de la Hongrie ne remettent pas en cause la paix en Europe.

Cette affaire révèle les ambiguïtés de la construction semi-fédérale actuelle : qu’on le souhaite ou non, Viktor Orban a été élu par le peuple hongrois.

La question est d’autant plus légitime que des mesures similaires prises à l’encontre de la Pologne fin 2017 n’ont pas changé grand-chose ni sur le fond, ni sur la forme, le gouvernement n’ayant pas été affaibli en interne. En votant cette résolution, la Droite européenne valide la grille d’analyse d’Emmanuel Macron qui cherche à installer un clivage entre des prétendus nationalistes et des gentils progressistes. L’analyse des votes démontre aussi que le piège a fonctionné: elle s’est fragmentée autour d’une ligne Est/Ouest, entre ceux qui comprennent la dureté d’Orban sur le sujet migratoire et ceux qui se sentent plus éloignés de ces problématiques.

Le Parlement européen dans cette affaire se prend pour un juge. Un juge politique. Tout cela ne peut conduire in fine qu’à la fragmentation de la construction européenne car aucun État souverain n’acceptera longtemps un tel régime. Malheureusement, on ne peut pas vouloir construire l’Europe sans une partie des pays concernés, ou alors il faudra assumer le rétrécissement politique de l’UE.

Nous devons donc urgemment proposer une autre voie avec les pays d’Europe de l’Est et du Sud en comprenant que le fameux «nationalisme» n’est autre que le retour de la frontière face à une vague migratoire sans précédent qui menace la stabilité des sociétés européennes. Les «gentils fédéralistes» piétinent le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et le prétendu progressisme macronien risque d’accélérer la décomposition de l’UE.


Cosignataires:

– Valérie Beauvais, députée de la Marne et vice-présidente d’Oser la France

– Patrice Verchère, député du Rhône et vice-président d’Oser la France

– René Danesi, sénateur du Haut-Rhin

– Alain Dufaut, sénateur de Vaucluse

– Bernard Fournier, sénateur de la Loire

– Jean-Philippe Mallé, ancien député PS et vice-président d’Oser la France

– Stéphane de Sallier Dupin, conseiller régional de Bretagne

– Thierry Hory, conseiller régional du Grand Est et maire de Marly

– Olivier Arsac, adjoint au maire de Toulouse en charge de la sécurité et conseiller métropolitain de Toulouse Métropole

– Gurval Guiguen, conseiller municipal et métropolitain de Rennes

– Jean-Claude Castel, conseiller départemental des Alpes-de-Haute-Provence et maire de Corbières

– Jean-Louis Ghiglione, adjoint au maire de Chatenay-Malabry

– Nicolas Leblanc, adjoint au maire de Maubeuge

 

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